Dix-huit ans après sa privatisation partielle et son introduction en Bourse, l’Etat, qui détient encore 84% d’EDF, entreprend de renationaliser l’énergéticien français historique. Une opération boursière chiffrée à 9,7 milliards d’euros.
L’Etat français a officiellement lancé le 4 octobre le processus de renationalisation de l’entreprise Electricité de France (EDF), a indiqué dans un communiqué l’Autorité des marchés financiers (AMF). Une opération voulue par le gouvernement pour relancer le nucléaire, mais qui advient après une année difficile pour le groupe.
L’Etat, qui possède aujourd’hui 84% de l’énergéticien, a déposé son projet d’offre publique d’achat (OPA) «simplifiée» auprès de l’AMF, une première étape dans le processus pour retirer EDF du marché boursier. L’opération, chiffrée à 9,7 milliards d’euros, vise à racheter aux autres actionnaires les 16% du capital qu’il ne détient pas.
Le gouvernement avait officialisé le 19 juillet sa volonté de contrôler à 100% l’énergéticien français. L’Etat s’était engagé à racheter chaque action au prix de 12 euros, soit une prime de 53% sur le cours de Bourse relevé la veille de l’annonce de l’intention de renationalisation.
Cette renationalisation arbore une portée très symbolique pour l’Etat qui envisage de construire six réacteurs de nouvelle génération EPR avec une option pour huit autres. Un nouveau PDG a été choisi par Emmanuel Macron pour diriger et redresser le groupe, Luc Rémont, dont la nomination annoncée par l’Elysée le 29 septembre doit encore être approuvée par le Parlement.
Une opération qui pourrait couter 9,7 milliards d’euros
La renationalisation vise à envoyer un signal de confiance et permettre au groupe, dont la dette atteindra le montant record de 60 milliards d’euros à la fin de l’année, de mieux se financer, indiquait début juillet à l’AFP une source proche du dossier.
L’Etat-actionnaire espère obtenir, au terme de l’OPA, 90% du capital, seuil à partir duquel une procédure de retrait obligatoire de la Bourse peut être lancé pour obtenir des titres.
En optant pour cette opération boursière, et non pour une loi de nationalisation, le gouvernement a fait le choix de ne pas flouer les actionnaires.
Hormis les 167 000 employés du groupe qui détiennent 1,15% du capital de leur entreprise, les plus gros actionnaires derrière l’Etat français sont les fonds d’investissements américains Thornburg, Black Rock, Vanguard, T. Rowe Price, la Banque centrale de Norvège, ainsi que le Français Amundi Asset Management (Crédit Agricole).
EDF avait été introduit en Bourse le 21 novembre 2005, suite à sa transformation en société anonyme à capitaux publics un an auparavant, afin de se conformer à la directive européenne ouvrant progressivement le marché de l’électricité à la concurrence. Cette ouverture du capital d’EDF, à hauteur de 15%, avait alors été saluée par Bercy comme «le plus grand succès de l’actionnariat populaire jamais obtenu en France».
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