Le constructeur automobile a annoncé la suspension de l’activité de son usine à Moscou. Il dit aussi évaluer sa participation majoritaire dans le groupe Avtovaz qui produit notamment la marque Lada et domine le marché russe.
Le constructeur automobile français Renault a annoncé, dans la soirée du 23 mars par voie de communiqué, la suspension immédiate des activités de son usine de Moscou. Le groupe ajoute qu’il évalue «les options possibles concernant sa participation» dans sa filiale russe, AvtoVAZ «tout en agissant de manière responsable envers ses 45 000 salariés en Russie».
Le groupe rappelle aussi qu’il «met déjà en œuvre les mesures nécessaires pour respecter les sanctions internationales». Dans son communiqué Renault ajoute qu’il est «contraint de revoir ses perspectives financières pour l’année 2022 avec une marge opérationnelle du groupe de l’ordre 3%, contre plus de 4% précédemment». En anticipation, le groupe prévoit d’enregistrer une charge d’ajustement de 2,195 milliards d’euros dans ses comptes du premier semestre, soit la valeur de ses actifs en Russie.
Avec près de 483 000 véhicules vendus en 2021, la Russie est le deuxième marché du groupe Renault dans le monde, derrière la France (près de 521 000), et loin devant l’Allemagne, son troisième marché (environ 180 000). Ses activités sont séparées entre la production de cinq modèles de sa marque dans son usine de Moscou, et sa participation majoritaire dans le constructeur historique Avtovaz (69% depuis 2016). Ce dernier produit notamment les deux voitures les plus vendues en Russie, les Lada Vesta et Granta, et détient 28,8% du marché automobile russe.
«Je salue la déclaration du groupe Renault sur l’arrêt de ses activités industrielles en Russie. Un geste responsable dans le contexte de l’agression barbare de la Russie contre l’Ukraine», a réagi sur Twitter le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba.
Appel à un boycott mondial
Le ministre avait auparavant appelé sur le même réseau social à un boycott mondial de Renault, diffusant un montage mettant côte à côte le «positionnement du groupe», une vieille publicité avec l’acteur Kevin Spacey, depuis accusé d’agressions sexuelles, et la photo d’un civil devant une voiture détruite et l’inscription : «Sponsor de la guerre de Poutine».
Un peu plus tôt dans la journée, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, intervenant par liaison vidéo devant le Parlement français, avait exhorté les entreprises françaises implantées en Russie à cesser de soutenir «la machine de guerre» russe en Ukraine, citant nommément le constructeur automobile.
Avtovaz qui dispose notamment d’une gigantesque usine à Togliatti (sud-ouest, sur la Volga), employant 35 000 personnes avait annoncé le 16 mars envoyer ses employés en congés payés pour trois semaines en raison d’une pénurie de composants importés, liée aux sanctions occidentales. Dans sa seule usine en nom propre, près de Moscou, qui avait été arrêtée plusieurs semaines et venait de reprendre le travail, la marque au losange produit des SUV Duster, Kaptur, Arkana, et des Nissan Terrano.
Parmi les autres entreprises françaises citées par le président Zelensky, Leroy Merlin, qui comme Auchan appartient à l’association familiale Mulliez, a expliqué le 23 mars avoir «décidé au début du conflit de suspendre les nouveaux investissements [en Russie ]» mais souligné qu’une fermeture serait considérée comme une «faillite préméditée ouvrant la voie à une expropriation qui renforcerait les moyens financiers de la Russie».
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