Plusieurs députés LR ou centristes indécis ou montrant un rejet sur la réforme des retraites auraient reçu des propositions d'aides de macronistes dans leur circonscription en échange de leur voix à l'Assemblée, selon leurs propres témoignages.
Des politiques et parlementaires ont dénoncé le 16 mars une tentative de corruption de la part de ministres, dont celui de l’Economie Bruno Le Maire, envers des députés Les Républicains (LR) et centristes pour les pousser à voter en faveur de la réforme des retraites.
La présidente du groupe La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale Mathilde Panot a estimé que ce n’était pas «acceptable en démocratie [et] interdit par le code pénal». Elle a adressé un courrier au procureur général près la cour de la cassation François Molins lui demandant «de saisir la Cour de Justice de la République».
L'appel de @BrunoLeMaire à une députée LR pour voter la réforme des retraites en échange de "moyens pour sa circonscription" n'est pas acceptable en démocratie.
C'est interdit par le code pénal.
Nous demandons à @Francois_Molins de saisir la Cour de Justice de la République👇 pic.twitter.com/TbD9EonqMR
— Mathilde Panot (@MathildePanot) March 16, 2023
La présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale Marine Le Pen a aussi protesté sur BFM TV en évoquant les députés LR qui «ont affirmé que des conseillers de la Macronie les avaient contactés pour leur promettre des millions d’euros pour leur circonscription s’ils votent la réforme des retraites». «Dans une démocratie mature, ça s’appelle de la corruption», a-t-elle ajouté.
📹 Des députés LR ont affirmé que des conseillers de la Macronie les avaient contactés pour leur promettre des millions d'euros pour leur circonscription s'ils votent la #RéformeDesRetraites. Dans une démocratie mature, ça s'appelle de la corruption ! #FaceAFacepic.twitter.com/zaO7HTbjz8
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) March 16, 2023
Le mot «corruption» a aussi été utilisé par le président des Patriotes Florian Philippot.
Le député LR Pierre-Henri Dumont a confessé et dénoncé le 16 mars sur BFM TV que certains de ses collègues LR – indécis sur leur vote ou défavorables sur la réforme – avaient été sollicités par des ministères et ministres qui auraient proposé d’«accompagner» une proposition de loi venant de leur part, ou de soutenir des «infrastructures» dans leur circonscription. «On est dans du marchandage, du petit troc pour recueillir les voix des Républicains», a fustigé l’élu LR.
Le député apparenté LR Pierre Cordier avait aussi affirmé le 9 mars sur BFM TV que dans l’un des salons de l’Assemblée nationale un ministre lui aurait proposé une aide dans sa circonscription des Ardennes pour un vote en faveur de la réforme. Il confirmait ce marchandage auprès de ses collègues LR.
Ce chantage présumé a aussi été dénoncé par un élu centriste auprès de RTL, affirmant qu’il lui a été proposé des «coups de pouce pour des projets locaux» dans sa circonscription.
💬 "Si le gouvernement en est réduit à appeler des députés pour faire pression ou chantage, je trouve ça grave. J'ai été épargné de ce type de coup de fil."
🔴🎙️ Le député LR #HubertBrigand sur la #ReformedesRetraites au micro de @JSellier dans #RTLSoir 👈 pic.twitter.com/kbV7bDFX1l— RTL France (@RTLFrance) March 15, 2023
Le 13 mars, un article du Parisien recueillait le témoignage d’une élue LR ayant reçu des appels du cabinet du ministre des Relations avec le Parlement Franck Riester et de Bruno Le Maire lui-même. L’objectif, selon son témoignage : «Tenter de […] convaincre du bien-fondé de la réforme… tout en glissant que le gouvernement saurait être “attentif” à sa circonscription. Comprendre : en débloquant des moyens sur les priorités de son territoire.» En outre, Le Parisien a affirmé que «l’exécutif [était] à l’assaut des derniers députés indécis chez Les Républicains [avec des] coups de fil appuyés, [des] promesses de subventions pour les circonscriptions».
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