Lors de la manifestation du 21 janvier, le leader des Insoumis s'en est pris au chef de l'Etat, qu'il a accusé de vouloir réduire le temps libre dont disposent les Français à l'issue de leur carrière au profit du règne de la marchandise.
Le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a dit «maudire» Emmanuel Macron, qu’il accuse de vouloir «transformer toute notre existence en marchandise», le 21 janvier lors d’une harangue à la foule défilant contre la réforme des retraites à Paris.
Selon Mélenchon, le temps de vie «utile» ne se réduit pas au travail
«Soyez maudit de vouloir transformer toute notre existence en marchandise comme vous l’avez fait avec la santé […], de tout salir, tout gâcher, tout réduire, tout quantifier», a lancé Jean-Luc Mélenchon depuis le toit du camion des organisateurs de la manifestation, affirmant que les manifestants ne protestaient pas uniquement pour défendre «le droit de marquer une pause dans l’existence». Selon l’Insoumis, «le temps de la vie […] qui compte, ce n’est pas seulement celui que vous croyez utile parce qu’il produit», placé sous le signe de la contrainte selon lui, mais aussi «le moment de la vie dont on dispose soi-même», afin de «s’occuper des siens» ou encore de s’adonner à des activités artistiques ou encore, si on le souhaite, «de ne rien faire».
A l’inverse, la réforme des retraites défendue par le gouvernement s’inscrit selon Jean-Luc Mélenchon à rebours de« la tendance générale du siècle passé», qui a consisté à réduire le temps de travail grâce à l’augmentation de la productivité. «Ils disent, il faut travailler davantage, pour quoi faire ?», a-t-il interrogé, évoquant entre autres le gaspillage alimentaire, affirmant que «la clé de l’avenir ce n’est pas de produire plus, […] mais produire mieux, et pour le faire il faut travailler moins».
«Nous sommes en train de défendre le droit de vivre pleinement et humainement dans un temps libre, dans un temps autochoisi. Et que veulent-ils faire ? Ce qu’ils font toujours, c’est-à-dire transformer toute chose vivante ou inanimée en marchandise», a insisté l’ancien candidat à la présidentielle, présent aux côtés de la dizaine d’organisations de jeunesse qui avaient appelé à cette marche.
Selon le leader des Insoumis, le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans ne fera «pas travailler une seule personne» et aggravera au contraire la situation. «Ce sera des chômeurs de plus, des malades de plus, et surtout de la vie en moins», a-t-il plaidé.
Les syndicats et le NPA tablent sur une montée en puissance des mobilisations
Le porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) Olivier Besancenot a de son côté appelé les manifestants à être des «activistes de la grève générale». «On va bloquer la société, paralyser l’économie», a-t-il scandé, alors que le projet de loi doit être présenté ce 23 janvier en Conseil des ministres. «Quelque chose est en train de se passer, il y a quelque chose qui ressemble aux mobilisations passées où on gagne», a encore assuré le porte-parole de la formation d’extrême gauche, deux jours après la manifestation du 19 janvier qui avait déjà réuni un à deux millions de manifestants, selon les estimations de la police ou de la CGT.
Les organisations syndicales appellent à une nouvelle journée d’action le 31 janvier, après le succès de la première journée. «On espère faire encore plus fort», a déclaré Philippe Martinez, invité du Grand jury RTL-LCI-Le Figaro le 22 janvier, évoquant «d’ici là des initiatives dans les entreprises, dans les départements». «A partir du moment où le gouvernement s’entête sur ce qui fait conflit, il y a possibilité qu’il y ait de journées d’action pendant les vacances scolaires», a ajouté le leader syndical.
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