Les dernières statistiques de l’indice des prix à la consommation en Grande-Bretagne révèlent en juillet un niveau que le pays n’avait plus connu depuis 1982. La Banque centrale a de nouveau relevé ses taux et s’attend à une récession durable.
L’indice des prix à la consommation a bondi à 10,1% en juillet sur douze mois, son plus haut niveau depuis février 1982, après un taux de 9,4% en juin, selon les chiffres officiels publiés ce 17 août par l’organisme national des statistiques (Office for National Statistics). Cette augmentation va au-delà de toutes les prévisions des économistes interrogés par l’agence de presse Reuters.
La hausse des prix est particulièrement sensible pour les biens facturés qui ont connu, à 17,1%, leur plus forte augmentation depuis août 1977, un record de 45 ans. Malgré la crainte d’une récession, la banque centrale du Royaume-Uni (BoE) a relevé plus tôt ce mois-ci son taux directeur de 0,5% à 1,75% – sa première hausse d’un demi-point depuis 1995. Elle prévoit que l’inflation culminera à 13,3% en octobre, lorsque les prix réglementés de l’énergie domestique augmenteront.
«Chaque hausse inattendue de l’inflation resserre l’étau autour de la BoE, avec une pression inflationniste croissante combinée à des vents contraires récessionnistes croissants», estime Luke Bartholomew, économiste en chef de la société de gestion d’actifs Abrdn, cité par Reuters. Comme la plupart des économistes interrogés plus tôt cette semaine par l’agence, il s’attend à une prochaine hausse des taux d’intérêt d’un demi-point supplémentaire en septembre.
La facture énergétique des Britanniques double en un an
Le ministre britannique des Finances, Nadhim Zahawi, a déclaré, le jour de la publication des nouvelles statistiques, que la maîtrise de l’inflation était sa priorité absolue. Du côté de la BoE, on note que la flambée des prix de l’énergie est le principal moteur de l’inflation et devrait faire basculer la Grande-Bretagne dans une longue période de récession, toutefois modeste, à partir du second semestre cette année.
Selon l’organisme britannique de statistiques, la période d’inflation en Grande-Bretagne devrait durer plus longtemps que dans beaucoup d’autres pays en partie en raison de la réglementation des prix. En effet, les sociétés énergétiques doivent attendre une autorisation gouvernementale avant de répercuter la hausse des de leurs coûts sur les consommateurs.
Actuellement, la facture énergétique annuelle moyenne des ménages est proche de 2 000 livres (2 378 euros) – presque le double de son niveau d’il y a un an – et devrait dépasser 4 000 livres en janvier, selon le cabinet d’analyse spécialisé Cornwall Insight cité par Reuters. Le budget de millions de ménages britanniques sera sérieusement contraint par cette hausse et les supermarchés signalent déjà que les clients se tournent vers des marques moins chères.
Les deux principaux candidats au poste de Premier ministre ont été interrogés sur la manière dont ils envisageaient de réagir à la situation actuelle. La ministre des Affaires étrangères Liz Truss, favorite dans la course pour le 10 Downing Street, a déclaré qu’elle essaierait de travailler de concert avec les fournisseurs d’énergie pour obtenir une baisse de leurs prix, tandis que l’ancien ministre des Finances Rishi Sunak, concurrent de Liz Truss pour le poste de Premier ministre a suggéré une suppression de la TVA sur les factures d’énergie pendant un an.
Le parti travailliste appelle pour sa part à un gel des tarifs de l’énergie, en partie financé par une taxe sur les bénéfices exceptionnels de ces entreprises.
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