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Proche-Orient : risques d’engrenage après les frappes américaines en Irak et en Syrie

Alors que les États-Unis ont bombardé plusieurs sites en Syrie et en Irak, en représailles à une attaque ayant couté la vie à trois soldats américains en Jordanie, la résistance islamique irakienne a revendiqué des attaques contre des bases américaines. Bagdad et Damas ont également fustigé les frappes de Washington sur leur territoire.

Chasseur bombardier américain décollant le 22 janvier du porte-avions USS Eisenhower pour frapper le Yémen (image d'illustration).

L’armée américaine frappe des groupes du Hachd al-Chaabi et la force iranienne Quds en Syrie et en Irak

Alors que les forces du Commandement central occidental (CENTCOM) a annoncé avoir «frappé plus de 85 cibles» en Irak et en Syrie dans la nuit du 2 au 3 février, la résistance islamique irakienne, qui comprend une myriade de milices plus ou moins affiliées à Téhéran, a revendiqué ce 3 février avoir «ciblé» à l’aide d’un drone la base américaine de Harir, près de l’aéroport d’Erbil, dans la région du Kurdistan, a rapporté le média qatari Al-Jazeera. Une attaque également rapportée par la chaine libanaise Al Mayadeen.

Toujours selon Al-Jazeera, les groupes irakiens ont également affirmé avoir attaqué avec «plusieurs drones et missiles» la base américaine d’Al-Tanf en Syrie à la frontière jordanienne, ainsi que la zone de Green Village dans l’est du territoire syrien, à la frontière irakienne.

Avant les bombardements américains, le mouvement irakien Al-Noujaba avait annoncé qu’il comptait poursuivre les attaques contre les troupes américaines au Proche-Orient, et ce, indépendamment des menaces de la Maison Blanche. «Toute frappe [américaine] entraînera une réponse appropriée», a averti dans un communiqué Akram al-Kaabi, le chef d’Al-Noujaba, un groupe armé qui fait partie de la nébuleuse de combattants de la Résistance islamique en Irak.

Selon Damas, les États-Unis sont «la principale source d’instabilité mondiale»

Les bombardements américains ont provoqué de surcroît l’ire des autorités de Bagdad et de Damas. «L’occupation de certaines parties du territoire syrien par les forces américaines ne peut plus durer», a dénoncé la diplomatie syrienne, affirmant sa «détermination à libérer l’ensemble du territoire syrien du terrorisme et de l’occupation».

Selon le ministère syrien des Affaires étrangères, cité par Sana, l’attaque américaine serait une tentative visant à affaiblir les capacités militaires syro-irakiennes de lutter contre le terrorisme. Et d’ajouter que la zone visée par les attaques américaines «est la même où l’armée syrienne combat les restes du réseau terroriste de Daech».

D’après l’agence officielle syrienne, plusieurs morts et blessés ont été recensés dans les frappes menées par Washington. Selon la source controversée de l’OSDH, 23 miliciens auraient été tués en Syrie après les frappes américaines.

Cité par le média Al-Mayadeen, la diplomatie syrienne qualifie les États-Unis de «principale source d’instabilité mondiale», dont les forces «menacent la paix et la sécurité internationales». Plus de 900 soldats américains demeurent, de manière illégale, sur le sol syrien. Ces derniers sont notamment stationnés à l’est de l’Euphrate et empêchent au gouvernement syrien de reprendre le contrôle des zones pétrolifères.

Frappes : Bagdad dément avoir été averti par Washington

Même son de cloche de la part du gouvernement irakien. Bagdad a fustigé une «violation de la souveraineté irakienne». Ces frappes font craindre des «conséquences désastreuses pour la sécurité et la stabilité de l’Irak et de la région», a déclaré un porte-parole militaire du Premier ministre irakien dans un communiqué. De surcroît, les bombardements américains sur le sol irakien interviennent dans un contexte de négociations présumées entre les deux parties sur un retrait des forces étrangères d’Irak. 

Selon le porte-parole du gouvernement irakien Bassem al-Awadi, les frappes américaines ont fait «16 morts, dont des civils». Il a par ailleurs démenti toute «coordination préalable» avec Washington concernant ces frappes, dénonçant des «allégations mensongères visant à duper l’opinion publique internationale et à esquiver toute responsabilité légale pour ce crime». La veille, un porte-parole de la Maison Blanche avait assuré que Washington avait «prévenu le gouvernement irakien avant les frappes».

Précisant que l’ambassadrice américaine était en ce moment absente de Bagdad, le ministère des Affaires étrangères irakien a annoncé ce 3 février dans un communiqué qu’il allait convoquer le chargé d’affaires américain à Bagdad pour lui remettre une «lettre officielle de protestation».

Les représailles «continueront», prévient Biden

Ces frappes américaines surviennent en réponse à la mort de trois soldats américains en Jordanie le 28 janvier dernier.

«Notre riposte a commencé aujourd’hui. Elle continuera selon l’agenda et aux endroits que nous déciderons», a déclaré Joe Biden. «Nous ne recherchons pas de conflit au Proche-Orient ou ailleurs dans le monde», a affirmé le président américain dans un message publié sur la plateforme X (anciennement Twitter), tout en avertissant «à tous ceux qui cherchent à nous faire du mal : nous répondrons».

Depuis la sanglante attaque du Hamas contre l’État hébreu le 7 octobre 2023, les tensions n’ont eu de cesse de s’aggraver au Proche-Orient. De par leur soutien inconditionnel à Israël dans ses opérations militaires à Gaza et du fait de leur présence illégale en Syrie, les troupes américaines sont régulièrement prises pour cible par différentes milices. 

Irak : le groupe Al-Noujaba veut poursuivre les attaques contre les troupes américaines

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