Un mois à peine après sa prise de fonction à la tête de la mission diplomatique israélienne en Russie, Simona Halperin a déjà suscité l'indignation du Kremlin par ses propos lors d'une récente interview au quotidien russe Kommersant. Elle y regrettait la faible importance accordée par Moscou aux commémorations de l'Holocauste.
Ce 6 février l’ambassadeur d’Israël à Moscou a quitté le bâtiment de la place Smolensk au terme d’un entretien d’une heure trente environ, sans faire le moindre commentaire. Elle y avait été convoquée suite à ses déclarations dans les colonnes du quotidien russe Kommersant le 4 février, où elle reprochait au gouvernement russe de ne pas accorder aux commémorations de l’Holocauste une importance suffisante.
«Malheureusement, la journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste n’est pas une date officielle dans le calendrier de la Fédération de Russie», avait regretté la diplomate, avant d’ajouter qu’elle en «[parlerait] avec [ses] collègues russes». En outre, elle disait «ne pas comprendre pourquoi le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov minimisait l’importance de cet événement monstrueux».
«Un début de mission diplomatique extrêmement mauvais»
Nommée à la tête de l’ambassade d’Israël le 27 décembre dernier et d’origine russe par son père, Simona Halperin démarre ainsi laborieusement son mandat. Avant son arrivée au ministère, la diplomatie russe avait fustigé une remarque sur le calendrier russe qui «frise l’ingérence».
Ensuite il a été estimé qu’il s’agissait d’un «début de mission diplomatique extrêmement mauvais». Le ministère russe des Affaires étrangères a fait valoir que c’était précisément à l’initiative de Moscou qu’avait été adoptée en 2005 la résolution de l’ONU fixant au 27 janvier la commémoration des victimes de l’Holocauste. La date avait été choisie en référence à la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau.
Le ministère russe des Affaires étrangères a insisté sur l’importance d’un «dialogue constructif» pour développer les relations russo-israéliennes. Sergueï Lavrov a rappelé à cette occasion que le thème du nazisme «unissait la Russie et Israël» et qu’il convenait d’aborder leur histoire commune «de manière très prudente».
Cette polémique survient à un moment délicat des relations entre les deux pays. Depuis le 7 octobre, Moscou a revendiqué une approche équilibrée face au conflit à Gaza. Le Kremlin a condamné l’attaque du Hamas puis les frappes en représailles de l’État hébreu sur la bande de Gaza, appelant à un cessez-le-feu et répétant qu’une paix durable au Proche-Orient passait par la création d’un État palestinien.
Israël pour sa part souhaiterait un engagement plus franc de Moscou en sa faveur et dénonce les négociations menées par les Russes avec des représentants du Hamas, comme lors de la venue d’une délégation au Kremlin le 27 octobre dernier.
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