L'Algérie conditionne le retour de son ambassadeur à Madrid à «des clarifications» du gouvernement espagnol sur son récent revirement en faveur de la position marocaine sur la question du Sahara occidental.
Les autorités algériennes ont confirmé que l’ambassadeur algérien à Madrid ne fera son retour qu’à la condition que l’Espagne fournisse «des clarifications» sur son revirement en faveur de la position marocaine sur la question du Sahara occidental.
Dans une déclaration transmise à l’agence de presse APS le 18 avril, l’envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental au ministère algérien des Affaires étrangères, Amar Belani, a annoncé que le retour de l’ambassadeur d’Algérie à Madrid «ser[ait] tranché souverainement par les autorités algériennes dans le cadre de clarifications préalables et franches pour reconstruire une confiance sérieusement abîmée» entre les deux pays.
Le responsable algérien réagissait aux propos du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez qui, le 18 avril, a déclaré qu’il espérait «pouvoir résoudre ce problème diplomatique dans un court laps de temps» et que l’Espagne puisse «entretenir une relation positive et stratégique avec le Maroc et l’Algérie».
Amar Belani juge que les propos de Pedro Sanchez, «formulés avec une légèreté déconcertante», trahissent une volonté espagnole «de s’auto-absoudre de la lourde responsabilité personnelle dans l’adoption de ce surprenant revirement sur la question du Sahara occidental qui rompt avec la position d’équilibre traditionnelle de l’Espagne».
Et l’envoyé spécial algérien de préciser : «En se dédouanant, de manière aussi candide, [Pedro Sanchez] a laissé entendre que la nouvelle position du gouvernement espagnol sur la question du Sahara occidental est conforme aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et qu’elle s’aligne également avec la position d’autres pays.» Amar Belani conclut sa déclaration en rappelant la «responsabilité particulière tant sur le plan moral que juridique» de l’Espagne, qui occupa ce territoire entre 1884 et 1975.
Un conflit qui perdure depuis près de cinquante ans
Le 18 mars dernier, le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Albares avait annoncé à Barcelone que l’Espagne «considère l’initiative d’autonomie présentée en 2007» par le Maroc, comme «la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend» entre Rabat et le Polisario. Madrid rompait ainsi avec sa neutralité sur ce dossier. Face aux critiques émanant notamment du Parlement, le gouvernement espagnol a expliqué n’avoir pas changé de position, mais seulement fait «un pas supplémentaire» vers Rabat.
En réaction, le Front Polisario, front politique armé qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental, a annoncé le 10 avril «rompre» ses liens avec l’Espagne, après que Madrid a adopté la position marocaine sur le statut de l’ancienne colonie espagnole. Alors que Rabat milite en faveur d’un statut d’autonomie sous souveraineté marocaine, le Polisario exige la tenue d’un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU.
La question du statut de ce territoire oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes sahraouis dont la revendication d’indépendance est soutenue par l’Algérie. Le Polisario réclame un référendum d’autodétermination qui est prévu par l’ONU. La résolution du Conseil de sécurité de 1991 stipulait la tenue du référendum l’année suivante. Ce vote n’a, depuis lors, pas été organisé en raison de désaccords sur la composition des listes électorales.
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