Salman Rushdie, auteur des Versets sataniques et cible depuis plus de 30 ans d'une fatwa de l'Iran, a été placé sous respirateur après avoir été poignardé au cou et à l'abdomen le 12 août dans l'Etat de New York par un homme qui a été arrêté.
«Les nouvelles ne sont pas bonnes», a déclaré le soir du 12 août au New York Times l’agent de l’écrivain britannique Salman Rushdie, après que celui-ci a été poignardé plus tôt dans la journée au cou et à l’abdomen, lors d’une conférence dans l’Etat de New York. «Salman va probablement perdre un œil ; les nerfs de son bras ont été sectionnés et il a été poignardé au niveau du foie», a détaillé Andrew Wylie, en précisant que Salman Rushdie, 75 ans, avait été placé sous respirateur artificiel.
Immédiatement après son agression, sur l’estrade d’un amphithéâtre d’un centre culturel de la ville de Chautauqua, l’écrivain a été transporté en hélicoptère vers l’hôpital le plus proche où il a été opéré en urgence, selon les déclarations devant la presse du major de la police de l’Etat de New York, Eugene Staniszewski.
Peu avant 11h (heure locale), «un suspect s’est précipité sur la scène [de l’amphithéâtre] et a attaqué Salman Rushdie et l’intervieweur» en poignardant l’écrivain au cou, avait très rapidement annoncé la police, qui a précisé par la suite que Salman Rushdie avait aussi été poignardé à l’abdomen. L’animateur de la conférence, Ralph Henry Reese, 73 ans, a, lui, été «blessé légèrement au visage».
L’agresseur a été aussitôt arrêté et placé en détention, l’agent Staniszewski révélant qu’il s’appelait Hadi Matar, qu’il avait 24 ans et qu’il était originaire de l’Etat du New Jersey.
Fatwa iranienne
Salman Rushdie s’apprêtait à donner une conférence littéraire dans cette petite ville située à 100 kilomètres de Buffalo, près du lac Erié qui sépare les Etats-Unis du Canada. Carl LeVan, professeur de sciences politiques, était dans la salle. Il a raconté au téléphone à l’AFP qu’un homme s’était jeté sur la scène où Salman Rushdie était assis pour le poignarder violemment à plusieurs reprises. Il «essayait de tuer Salman Rushdie», a affirmé ce témoin.
L’écrivain britannique Salman Rushdie, né le 19 juin 1947 à Bombay, deux mois avant l’indépendance de l’Inde, avait embrasé une partie du monde musulman avec la publication des Versets sataniques, conduisant l’ayatollah iranien Rouhollah Khomeiny à émettre en 1989 une fatwa demandant son assassinat. L’auteur avait été contraint dès lors de vivre dans la clandestinité et sous protection policière, allant de cache en cache.
La fatwa n’a jamais été levée et beaucoup de traducteurs de son livre ont été blessés par des attaques, voire tués, comme le Japonais Hitoshi Igarashi, victime de plusieurs coups de poignard en 1991.
Macron et Johnson condamnent l’attaque
«Son combat est le nôtre, universel», a lancé sur Twitter le président français Emmanuel Macron, assurant être «aujourd’hui, plus que jamais, à ses côtés».
Depuis 33 ans, Salman Rushdie incarne la liberté et la lutte contre l’obscurantisme. La haine et la barbarie viennent de le frapper, lâchement. Son combat est le nôtre, universel. Nous sommes aujourd'hui, plus que jamais, à ses côtés.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) August 12, 2022
Le Premier ministre britannique Boris Johnson s’est de son côté dit «atterré que Sir Salman Rushdie ait été poignardé alors qu’il exerçait un droit que nous ne devrions jamais cesser de défendre», en allusion à la liberté d’expression.
Appalled that Sir Salman Rushdie has been stabbed while exercising a right we should never cease to defend.
Right now my thoughts are with his loved ones. We are all hoping he is okay.
— Boris Johnson (@BorisJohnson) August 12, 2022
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a déclaré via son porte-parole qu’il était «horrifié» par l’attaque, ajoutant «qu’en aucun cas la violence n’était une réponse aux mots».
«Cet acte de violence est consternant», a estimé le conseiller à la sécurité du président américain Joe Biden, Jake Sullivan. «Tous les membres de l’administration Biden-Harris prient pour son prompt rétablissement», a-t-il ajouté dans un communiqué.
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