Dans une interview exclusive à l'agence TASS publiée le 20 février, alors qu'un nouveau train de sanctions antirusses est en préparation à Bruxelles, le président serbe a réaffirmé son opposition à celles-ci, les jugeant «injustes» envers le peuple russe.
«Nous nous efforcerons de maintenir notre position aussi longtemps que possible», a déclaré le président serbe Aleksandar Vucic, concernant le rejet par Belgrade des sanctions occidentales contre la Russie. «Ces deux dernières années, nous y sommes parvenus. Je ne sais pas si nous allons pouvoir continuer à le faire, mais je l’espère», a-t-il ajouté, lors d’une interview au directeur de l’agence TASS publiée le 20 février.
«Tous les pays d’Europe ont introduit des sanctions contre la Russie», a rappelé le président serbe, avant d’énumérer : «Certains vous diront que c’est une décision du pouvoir central mais qu’ils sont contre, d’autres qu’ils ont mis des sanctions mais qu’ils sont prêts à aider sur d’autres questions.» Toutefois, a-t-il souligné, le seul pays qui s’est abstenu de sanctions, «c’est la petite Serbie».
Depuis la reconnaissance par Moscou des républiques de Donetsk et de Lougansk en février 2022, suivie de son offensive en Ukraine, l’Union européenne a imposé 12 paquets de sanctions antirusses. Des sanctions sur le point d’être élargies par un treizième train, suite à l’annonce ce 21 février d’un accord trouvé entre les ambassadeurs des États membres.
De fortes pressions occidentales
«Lorsque la guerre la commencé, j’ai dit que nous n’allions pas appliquer de sanctions […] parce que nous avons fait l’expérience des sanctions», a indiqué le président serbe, en référence à celles imposées à Belgrade depuis les années 90 dans le cadre de la guerre de Bosnie puis de celle du Kosovo.
«Le peuple russe est un peuple ami», a-t-il ajouté, estimant qu’il serait «injuste» d’appliquer des sanctions contre la Russie. Pour autant, Aleksandar Vucic a précisé qu’il n’était pas en mesure de garantir le maintien de cette position, ne sachant pas «quelles seraient les pressions» à l’avenir.
Ce n’est pas la première fois que le président serbe fait état de ces pressions de la part des pays occidentaux. Déjà en mai dernier, il s’était confié sur l’insistance dont ses partenaires européens feraient preuve lors des rencontres diplomatiques. «La première [de leur] obligation est de m’expliquer, au lieu de dire “Bonjour” ou “Bonsoir”, quel idiot je suis de ne pas avoir introduit de sanctions» contre la Russie, relatait-il lors d’une interview accordée à la chaîne Happy TV.
La Serbie, pays «libre et indépendant» selon Vucic
Entre autres mesures, dans une résolution adoptée à une large majorité en novembre 2022, le Parlement européen appelait les autres organes de l’Union à notamment «faire progresser les négociations d’adhésion avec la Serbie uniquement si le pays s’aligne sur les sanctions de l’UE à l’encontre de la Russie».
En juillet dernier, Aleksandar Vucic avait mis en avant la «position morale» de la Serbie, «plus importante que tout», pour justifier la ligne de Belgrade de résistance aux sanctions. En octobre dernier, il affirmait au micro de la chaîne TV Prva que cette décision «renforçait la réputation de la Serbie de pays libre et indépendant».
Sanctions anti-russes : Aleksandar Vucic se confie sur l’ampleur des pressions occidentales