Dans la ville de Saint-Denis, en banlieue parisienne, des femmes travaillant dans le cadre de fouilles archéologiques sont prises à partie par des riverains depuis plusieurs semaines. La ville tente de réagir, pour l’heure sans succès.
C’est une situation qui dure depuis plusieurs semaines, mais qui éclate seulement ce 18 juillet, à la faveur d’un reportage diffusé la veille par BFMTV, chaîne rapidement suivie par d’autres antennes.
On y découvre que des femmes archéologues sont quotidiennement prises à partie durant leur travail de fouilles dans la ville de Saint-Denis, aux portes de Paris. Insultes, injures sexistes et remarques déplacées ont ainsi cours aux abords du chantier et tout particulièrement depuis la montée des températures qui les poussent à revêtir des tenues plus légères.
Interpellées par des hommes mais aussi des femmes qui ne considèrent pas leurs tenues voire leurs positions comme adaptées, les spécialistes voient leur travail entravé par ces comportements hostiles. De son côté, la mairie de la ville a bien tenté d’intervenir en accrochant des panneaux demandant au public de respecter le travail des chercheurs.
Entre indignation et indifférence
Le Rassemblement national a largement commenté cette actualité en dressant parfois un parallèle avec l’immigration, à l’image de l’élue de Nouvelle-Aquitaine Julie Rechagneux. Le député de l’Yonne Julien Odoul évoque de son côté «la submersion migratoire» qui entraînerait «l’islamisation de nos territoires et avec elle, le recul des droits et libertés des femmes».
La submersion migratoire entraîne de facto l’islamisation de nos territoires et avec elle, le recul des droits et libertés des femmes. Notre mode de vie est en danger ! Tout ça avec la bénédiction de la #Nupes ! Français, réveillez-vous ! #SaintDenishttps://t.co/R1NTS93A2X
— Julien ODOUL (@JulienOdoul) July 18, 2023
De l’autre côté de l’échiquier politique, aucun des 12 députés que compte la circonscription n’avait réagi ce 18 juillet en fin d’après-midi. Un sénateur communiste des Hauts-de-Seine (92) a cependant apporté son soutien aux chercheurs en la personne de Pierre Ouzoulias, lui-même archéologue. Il a tenu à dénoncer «la misogynie crasse de quelques esprits étriqués».
La mairie désarmée
À Saint-Denis, la mairie est obligée de poser des affiches pour dire qu'il ne faut pas insulter les femmes archéologues qui ont les bras nus.
L'immigration fait reculer la liberté des femmes. pic.twitter.com/zKbLDTvOCm— Laurent Jacobelli Ⓜ️ (@ljacobelli) July 18, 2023
Le maire socialiste de la ville Mathieu Hanotin s’est montré discret dans la presse et sur les réseaux sociaux. La démarche de son équipe municipale de placer des panneaux indiquant la mention «Adoptez le bon comportement» n’a pas semblé suffisante pour ses détracteurs. «On est obligés de mettre des affichettes pour expliquer qu’en France, on n’insulte pas une femme qui a les bras nus», déplore sur le plateau de CNews le député de Moselle Laurent Jacobelli.
Un seul problème : des hommes qui harcèlent des femmes, partout et tout le temps, en France et ailleurs. Nous continuerons à nous battre contre toutes les violences sexistes et sexuelles et contre toutes les discriminations dont sont victimes notre territoire et ses habitant•es.
— Oriane Filhol (@OrianeFilhol) July 18, 2023
Le maire PS de la ville n’a pour l’heure pas réagi à ces incidents. Face aux caméras de télévision, c’est l’adjointe au maire Oriane Filhol qui a encouragé les femmes archéologues à déposer plainte et à appeler la police. Sur BFMTV, elle a cependant limité sa critique aux «hommes harceleurs», et fustigé les intentions «racistes» des commentateurs, estimant que les hommes se comportent ainsi partout. Pourtant, les témoignages rapportés des archéologues cités par BFMTV font état également de femmes à l’origine des insultes.
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