Des centaines de Serbes du Kosovo ont passé la frontière le 17 décembre pour aller voter aux élections législatives en Serbie, Pristina et Belgrade n'ayant pu trouver d'accord pour qu'ils puissent voter dans leurs villes et villages.
Tôt le 17 décembre, plus d’une dizaine de bus affrétés par les autorités serbes étaient prêts à partir de la gare de Mitrovica. Deux heures étaient nécessaires pour traverser la frontière qui sépare le Kosovo de la Serbie, des centaines de voitures étant à l’arrêt, selon les autorités locales.
Depuis l’indépendance autoproclamée par Pristina en 2008, les Serbes du Kosovo pouvaient voter sur leur lieu de résidence – l’OSCE était alors chargée de transporter les bulletins de vote en Serbie.
Mais cette année, comme en 2022, faute d’accord entre la Serbie et son ancienne province, dont elle ne reconnaît pas l’indépendance, ceux qui voulaient voter étaient obligés de traverser la frontière.
«Nous souhaitons que les meilleurs gagnent», explique Blagoje Stošić, un retraité venu avec un groupe d’amis depuis Gnjilane, à une centaine de kilomètres. « L’attente était longue, beaucoup de gens ont pris la route vers ici pour faire leur devoir », ajoute-t-il.
«Nous sommes venus donner notre voix à la Serbie, à l’État serbe»
Le président serbe, Aleksandar Vučić, a toujours affirmé qu’il ne reconnaîtrait jamais l’indépendance du Kosovo. «Je suis reconnaissant à nos gens du Kosovo», a-t-il déclaré en allant voter dimanche, les remerciant «pour l’amour envers leur pays».
Kosovka Paunović, la cinquantaine, travaille dans une entreprise publique du gouvernement serbe au Kosovo. Il a, lui aussi, fait plusieurs heures de queue pour voter: «nous sommes venus donner notre voix à la Serbie, à l’État serbe, parce qu’il est le seul qui est derrière nous, pour qu’il continue à être derrière nous».
La question du Kosovo, 1,8 million d’habitants dont 120 000 Serbes, reste essentielle pour une partie des Serbes, qui considèrent le territoire comme leur berceau national. Les Serbes du Kosovo refusent toute allégeance à Pristina.
Le Kosovo a en effet proclamé unilatéralement son indépendance en 2008. Celle-ci a été reconnue par les Etats-Unis et la plupart des pays occidentaux, mais pas par la Serbie, la Russie, la Chine, l’Inde ou encore l’Espagne, ni l’ONU ou l’UE. Belgrade avait perdu le contrôle de ce territoire en 1999, ayant été privé du droit d’y déployer son armée par l’accord de Kumanovo, signé le 9 juin 1999 avec l’OTAN à la suite d’une campagne de bombardements de la Serbie qui aura duré 78 jours.
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