Lors d'un entretien avec un quotidien national, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a déclaré qu'une possible paix en Ukraine dépendait avant tout des Etats-Unis, qui permettent, selon lui, à Kiev de poursuivre le conflit avec la Russie.
«Si les Américains veulent la paix, il y aura la paix.» S’exprimant dans une interview au quotidien Magyar Nemzet le 24 décembre, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a donné son analyse du conflit en Ukraine, expliquant que sans le soutien des Etats-Unis au pays gouverné par Volodymyr Zelensky, la paix serait déjà envisageable.
«L’Ukraine ne peut se battre que tant que les États-Unis la soutiennent avec de l’argent et des armes. Si les Américains veulent la paix, il y aura la paix», a-t-il dans un premier temps fait valoir, rappelant par la suite que, selon lui, la Hongrie était «le seul pays européen en dehors de la guerre», en référence au positionnement anti-sanctions contre la Russie adopté par Budapest.
Interrogé sur la perception «pro-russe» de la Hongrie «dans l’Union européenne et dans les médias occidentaux», Viktor Orban a répondu sans ambages : «Nous sommes pro-hongrois.»
«Nous soutenons et aidons l’Ukraine, il est dans notre intérêt de maintenir l’Ukraine souveraine, et il est dans notre intérêt que la Russie ne représente pas une menace pour la sécurité de l’Europe, mais il n’est pas dans notre intérêt de renoncer à toutes nos relations économiques avec la Russie», a-t-il fait savoir, concluant : « Nous examinons ces questions à travers un prisme hongrois, pas à travers un autre.»
Les Etats-Unis poursuivent les livraisons d’armes à l’Ukraine, le Kremlin dénonce une guerre «indirecte» contre la Russie
Depuis le début du conflit en Ukraine, les Etats-Unis, mais également plusieurs pays européens, ont fourni des dizaines de milliards de dollars d’aides militaires et financières à Kiev, englobant des livraisons d’armes létales sophistiquées comme des lance-roquettes multiples Himars, des drones de combat, des obusiers M777 et RCH 155 ou encore des canons Caesar de l’armée française.
Lors de la visite de Volodymyr Zelensky aux Etats-Unis, le 21 décembre, le président américain, Joe Biden, qui le recevait à la Maison Blanche, avait annoncé que son pays «se tiendrait [au côté des Ukrainiens] aussi longtemps qu’il le faudra», ajoutant vouloir «continuer à renforcer la capacité de l’Ukraine à se défendre» et promettant la fourniture de missiles de défense antiaérienne Patriot à Kiev. Deux jours plus tard, le 23 décembre, un nouveau paquet d’aide estimé à 45 milliards de dollars avait été approuvé par le Congrès américain.
Réagissant aux déclarations et aux annonces faites durant cette visite du président ukrainien outre-Atlantique, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait regretté de ne pas avoir «entendu […] de véritables appels à la paix». «Nous pouvons constater avec regret que ni Biden, ni Zelensky n’ont prononcé aucun mot qui puisse faire penser à une volonté potentielle de prêter l’oreille aux préoccupations de la Russie», avait-il encore déploré, précisant que les Etats-Unis poursuivaient une guerre «indirecte avec la Russie».
De son côté, l’ambassadeur de Russie aux Etats-Unis, Anatoly Antonov, avait souligné que ce voyage avait «définitivement confirmé que les déclarations conciliantes de l’administration [américaine] sur l’absence d’intention d’entrer en confrontation avec la Russie» n’étaient que «des vains mots». D’après lui, au contraire, «il a été annoncé qu’il était nécessaire de poursuivre la “guerre par procuration” contre» la Russie, au moyen de livraisons d’armements colossales, et avec «l’idée maniaque» de parvenir à la défaite militaire complète des forces russes, une hypothèse que le Pentagone lui-même juge peu crédible.
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