Six Palestiniens, parmi lesquels l'auteur d'une attaque ayant coûté la vie à deux Israéliens, ont été tués lors d'un nouveau raid militaire israélien en Cisjordanie occupée, dernier épisode d'une vague de violences qui semble ne pas vouloir refluer.
Selon les éléments concordants communiqués par les forces israéliennes et des témoignages recueillis sur place par l’AFP, des soldats israéliens ont encerclé le 7 mars un bâtiment où s’était retranché Abdel Fatah Husseïn Khrouchah, membre de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas, dans le camp de réfugiés de Jénine.
De violents affrontements les ont opposés à des hommes armés à l’intérieur, mais aussi à des combattants palestiniens dans les rues de cette zone urbaine du nord de la Cisjordanie. Des témoins cités par l’AFP ont parlé de tirs de roquettes sur le bâtiment. L’armée a confirmé que «des lance-missiles portatifs» avaient été utilisés contre l’immeuble d’habitation. A l’intérieur, des pans de murs écroulés témoignent de la violence des combats.
Le ministère palestinien de la Santé a annoncé la mort de six Palestiniens «tués par l’occupation [israélienne] à Jénine» : outre Abdel Fatah Husseïn Khrouchah, 49 ans, cinq hommes âgés de 22 à 29 ans. Et 26 autres personnes ont été blessées, dont trois grièvement. Les forces israéliennes ont fait part de deux blessés légers dans leurs rangs.
Selon les autorités israéliennes, Abdel Fatah Husseïn Khrouchah était l’auteur de l’attaque ayant coûté la vie le 26 février à deux frères habitant une colonie juive du nord de la Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967.
Un acte de «guerre totale»
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a félicité les soldats d’avoir «agi avec une précision chirurgicale dans le repaire des assassins» et «éliminé [un] terroriste abominable». «Quiconque nous fait du mal en paiera le prix», a-t-il ajouté.
«Les crimes et les massacres perpétrés par les Israéliens n’intimideront pas notre peuple palestinien mais le renforceront dans sa détermination à combattre l’occupation israélienne», a réagi le Hamas.
Le Djihad islamique a publié un communiqué au ton similaire, tout comme le mouvement du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, le Fatah, dont le texte laisse entendre que des membres des forces de sécurité palestinienne auraient pris part aux combats contre l’armée israélienne.
Nabil Abou Roudeina, porte-parole de la présidence palestinienne, a dénoncé comme un acte de «guerre totale» l’emploi de roquettes contre des habitations en pleine ville et accusé le gouvernement israélien d’être «responsable [d’une] escalade dangereuse qui menace d’embraser la situation et de détruire tous les efforts destinés à ramener la stabilité».
Dans le camp de réfugiés d’Askar, à Naplouse, autre ville du nord de la Cisjordanie, théâtre comme Jénine de raids militaires israéliens à répétition qualifiés par l’armée d’«opérations antiterroristes» depuis bientôt un an, les soldats ont arrêté trois fils de Khrouchah, selon des sources palestiniennes.
«Détérioration supplémentaire»
Le Shin Beth, la sécurité intérieure israélienne, indique pour sa part que deux fils de Abdel Fatah Husseïn Khrouchah ont été arrêtés et qu’ils sont soupçonnés d’avoir aidé leur père à planifier son attaque.
Depuis le début de l’année, le conflit israélo-palestinien a coûté la vie à 71 Palestiniens (dont des combattants et des civils, parmi lesquels des mineurs) et 13 Israéliens (dont des mineurs et des forces de sécurité) et une Ukrainienne, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes.
A l’issue d’une rare rencontre à Aqaba (en Jordanie), des responsables israéliens et palestiniens s’étaient engagés le 26 février à œuvrer en vue d’une «désescalade». Mais alors même que se tenait cette rencontre avait lieu l’attaque meurtrière imputée par Israël à Abdel Fatah Husseïn Khrouchah, et la nuit suivante, des colons juifs attaquaient en représailles la ville palestinienne de Huwara, incendiant plusieurs bâtiments.
Dans la nuit du 7 au 8 mars, les sirènes d’alerte ont retenti à Nir Am, petite localité israélienne située à quelques kilomètres seulement de la bande de Gaza, à la suite d’un tir de roquette identifié à partir de ce territoire palestinien sous le contrôle du Hamas, a indiqué l’armée israélienne. La roquette «semble avoir explosé à l’intérieur de la bande de Gaza», ajoute l’armée dans un bref communiqué.
Israéliens et Palestiniens s’accordent pour œuvrer à une désescalade