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Soudan : malgré la trêve négociée par Washington et Riyad, les combats perdurent

Les combats continuent à Khartoum malgré l'entrée en vigueur officielle d'une trêve d'une semaine entre l'armée et les paramilitaires, censée laisser passer civils et aide humanitaire au Soudan.

Des tirs sporadiques d’artillerie résonnent dans Khartoum. Juste après le début de la trêve à 19h45 (GMT) le 22 mai, les habitants faisaient déjà état de combats et de frappes aériennes. 

Le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal bin Farhan Al Saud (au centre) entouré des représentants de l’armée soudanaise et de son rival des Forces de soutien rapide (FSR), le 21 mai 2023 à Djedda (photo d'illustration).

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Depuis le 15 avril, la guerre entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo a fait un millier de morts et plus d’un million de déplacés et de réfugiés.

Les deux camps ont annoncé vouloir respecter ce cessez-le-feu mais le 22 mai, l’ONU avait déjà dénoncé «des combats et des mouvements de troupes alors que les deux camps se sont engagés à ne pas chercher à prendre l’avantage militaire avant l’entrée en vigueur de la trêve».

«Au-delà des annonces officielles, le Soudan est toujours bombardé et des millions de civils sont en danger», s’est aussi alarmé Karl Schembri, du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC). Il a dénoncé sur Twitter «plus d’un mois de promesses rompues», alors que près d’une dizaine de trêves ont déjà échoué au Soudan.

Pour la sixième semaine consécutive, les cinq millions d’habitants de Khartoum entament leur journée sous une chaleur écrasante, pour la plupart privés d’eau, d’électricité et de télécommunications. 

Les médiateurs américains et saoudiens avaient annoncé avoir obtenu, après deux semaines de négociations, une trêve d’une semaine. Le cessez-le-feu permettrait de relancer les services et les hôpitaux et de réapprovisionner les stocks humanitaires et marchés pillés ou bombardés dans un pays où, d’après l’ONU, 25 des 45 millions d’habitants ont besoin d’aide humanitaire.

«Nous avons tous faim»

«Nous avons tous faim, les enfants, les vieux, tout le monde souffre de la guerre. Nous n’avons plus d’eau», raconte à l’AFP Souad al-Fateh, une habitante de Khartoum. Tôt ce 23 mai, le syndicat des médecins a annoncé la fermeture d’un nouvel hôpital dans la grande banlieue de la capitale. Pris entre deux feux, son personnel a été forcé d’arrêter de travailler. 

D’un côté, «plusieurs fois, des combattants des FSR ont agressé des patients et du personnel soignant en tirant dans les couloirs de l’hôpital», rapporte le syndicat. De l’autre, des haut-gradés de l’armée régulière mènent «une campagne de mensonges et de rumeurs» contre les médecins, victimes de «menaces contre leur personne».

Les médecins ne cessent d’alerter sur le sort dramatique des hôpitaux : à Khartoum, comme dans la région du Darfour (ouest), la région du pays la plus meurtrie par les combats avec la capitale, ils sont quasiment tous hors d’usage. Ceux qui n’ont pas été bombardés n’ont plus de stocks ou sont occupés par des belligérants.

Mécanisme de surveillance du cessez-le-feu

Les humanitaires réclament des couloirs sécurisés. Cette fois, assurent Riyad et Washington, il y aura «un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu» regroupant des représentants des deux camps ainsi que des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite.

Les médiateurs n’ont jusqu’ici pas commenté la mise en place de la trêve et les possibles violations. Les sanctions sont la clé pour les experts face à deux généraux persuadés de pouvoir l’emporter militairement et donc plus prêts à une guerre longue qu’à des concessions à la table des négociations. 

Si l’armée contrôle les airs, elle a peu d’hommes dans le centre de la capitale, tandis que les FSR, elles, occupent le terrain à Khartoum. De nombreux habitants les accusent d’avoir pillé leurs maisons ou d’y avoir installé des QG. Si le conflit continue, alerte l’ONU, un million de Soudanais supplémentaires pourraient fuir vers les pays voisins, qui redoutent une contagion de la violence.

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