Les Etats-Unis vont vendre quelque 15 milliards de m3 de gaz naturel liquéfié aux 27 pays membres de l'UE avec l'objectif que ceux-ci s'affranchissent totalement des importations de Russie, qui leur fournit quelque 150 milliards de m3 de gaz par an.
La présidente de la Commission européenne a annoncé le 25 mars que les Etats-Unis allaient fournir à l’Union européenne 15 milliards de m3 de gaz naturel liquéfié (GNL). «J’aimerais dire au peuple américain la reconnaissance de l’Europe pour leur soutien indéfectible», a salué Ursula von der Leyen, qui a dit voir en cet accord une garantie de la «sécurité et de l’indépendance énergétique» de l’UE.
Reconnaissant la dépendance au gaz russe, Ursula von der Leyen a également argué que le seul moyen d’en sortir serait d’investir «dans les énergies renouvelables» mais également dans des réserves plus massives de cette énergie fossile. «Nous voulons diversifier nos sources d’approvisionnement», a-t-elle ainsi assuré en évoquant des «fournisseurs de confiance», dont Washington en tête. «Ainsi, l’engagement américain de fournir à l’UE 15 milliards de m3 d’énergie cette année est un grand pas dans cette direction», s’est encore félicitée l’Allemande. Outre les Etats-Unis, la Commission a engagé des négociations avec les principaux pays producteurs (Norvège, Qatar, Algérie).
Les Etats-Unis sont déjà le premier fournisseur de GNL de l’UE (22 milliards m3 en 2021), même s’ils ne représentent qu’environ 6,3% de ses importations totales de gaz. Le gaz ne sera pas nécessairement américain, les Etats-Unis pouvant aussi, comme cet hiver, rediriger vers l’Europe des acheminements venant d’Asie, selon un responsable américain, ce qui nécessitera «un gros travail diplomatique». Les volumes prévus augmenteront au fil des ans : la Commission devra se coordonner pour garantir, au moins jusqu’en 2030, une demande d’environ 50 milliards de m3/an de GNL américain supplémentaire – l’équivalent d’un tiers de sa consommation totale de gaz russe. Beaucoup moins exposé, Washington a imposé un embargo sur le pétrole et le gaz russes. Toutefois, de nombreux Etats européens restent opposés à une telle sanction car 45% des achats de gaz de l’UE proviennent de Russie. Une proportion qui atteint 55% pour l’Allemagne et plus de 95% pour la Finlande, la Hongrie et la République tchèque. Par ailleurs, certains pays européens manquent encore d’infrastructures pour le GNL, comme l’Allemagne, qui ne dispose d’aucun terminal.
Moscou fournit quelque 150 milliards de m3 de gaz par an, dont seulement 15 milliards de GNL. Le président américain Joe Biden a assuré que ce plan aidera l’UE à atteindre l’objectif «ambitieux» de s’affranchir complètement du gaz russe «bien avant 2030».
Pour Berlin, le paiement du gaz russe en roubles est une «rupture de contrat»