Quelques mois après le fiasco de l'organisation de la Ligue des Champions, une série d'individus non munis de billets ont réussi à s’introduire dans l’enceinte du stade à l'occasion d'un show du rappeur.
La sécurité du Stade de France fait à nouveau parler d’elle, environ trois mois après les nombreux incidents qui avaient entouré la finale de la Ligue des champions fin mai.
Il ne s’agissait cette fois pas d’une rencontre sportive, mais d’un concert du rappeur Booba, qui a rempli le 3 septembre les 80 000 places que compte l’enceinte. Quelques minutes avant le début du spectacle, plusieurs dizaines d’individus sont parvenus, comme le montrent plusieurs vidéos filmées par des témoins de la scène, à forcer le passage d’une des entrées, les stadiers ayant tenté en vain de les arrêter.
60 jeunes rentrent en forçant le barage de securité au concert de #Booba au #StadeDeFrance#BoobaauSDFpic.twitter.com/B0SEH9PE6w
— JESSE BUBECCI (@JBubecci) September 4, 2022
Selon l’un des témoins de la scène contacté par Le Figaro, une soixantaine de jeunes hommes habillés en noir et qui n’avaient pas de billets pour assister au concert seraient arrivés à proximité de l’une des entrées, et l’un d’entre d’eux aurait égrené un compte à rebours avant de donner le signal pour foncer en direction des portiques de sécurité où les agents du stade contrôlaient les billets.
Avec seulement «un ou deux policiers et peut-être six agents» positionnés à cet endroit, d’après Jessie, il a été impossible de s’opposer à cet «assaut» soudain.
De son côté, la préfecture de Seine-Saint-Denis a déclaré qu’une vingtaine de personnes avaient bien essayé de forcer l’entrée du stade, mais que les resquilleurs ont ensuite été rapidement interceptés à l’intérieur, puis reconduits en dehors des limites de l’enceinte : 18 personnes ont été expulsées après avoir été identifiées à l’aide de la vidéosurveillance, selon les autorités.
Une version qui diffère de celle du témoin interrogé par Le Figaro, qui a affirmé avoir reconnu plusieurs des personnes ayant forcé l’entrée pendant le concert : certains auraient assisté au show confortablement installés dans les rangs du stade «et même dans le carré or pour certains d’entre eux», relate Le Figaro. Le quotidien précise en outre qu’«aucun des spectateurs sans billet ayant violemment forcé l’accès n’a été interpellé», et que la préfecture de police n’a pas précisé si elle envisageait une action en justice contre les fraudeurs.
La jurisprudence Ligue des champions
D’après Matthieu Valet, porte-parole du Syndicat indépendant des commissaires de police contacté par Cnews, cette absence de garde à vue découle de «la jurisprudence Ligue des champions» : après les incidents du 28 mai, «une trentaine de personnes avaient été interpellées puis remises dehors par la justice parce que l’infraction d’intrusion dans un stade n’est pas retenue par le parquet de Bobigny», a-t-il affirmé. Le syndicaliste a également pointé une formation insuffisante des agents de sécurité privés chargés de la gestion des portes d’accès, jugeant que ces derniers «ne sont pas prêts».
Ce nouvel incident interroge quant aux améliorations apportées au dispositif de sécurité depuis le fiasco de la Ligue des champions le 28 mai. Ceux-ci avaient donné lieu à une enquête sénatoriale, sur fond d’explications changeantes du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui, après avoir accusé les supporters anglais, avait fini par reconnaître une «mauvaise gestion» de l’événement et par leur présenter des excuses, tout en mettant l’accent sur le rôle de la délinquance dans cette soirée.
Très critique des décisions prises à cette occasion par le préfet de police d’alors, Didier Lallement, le rapport sénatorial remis en juillet avait préconisé une quinzaine de mesures pour éviter la réédition des incidents, dont le renforcement de la formation des stadiers et l’amélioration de «l’articulation entre les stadiers et les forces de l’ordre».
Laurent Nunez nommé préfet de police de Paris, annonce Gérald Darmanin