Avec à l’envolée des cours du gaz naturel liquéfié dans le contexte du conflit en Ukraine et des sanctions contre la Russie, le groupe TotalEnergies enregistre des profits exceptionnels. Une ONG américaine appelle à ternir sa réputation sur internet.
Le groupe pétrolier français TotalEnergies a annoncé ce 27 octobre un bénéfice net de 6,6 milliards de dollars au troisième trimestre en hausse de 43% par rapport au même trimestre en 2021, grâce au prix record du gaz.
En plein débat sur les superprofits des compagnies énergétiques et alors que la classe politique française débat d’une éventuelle taxe, TotalEnergies a déjà engrangé en neuf mois 17,3 milliards de dollars contre 16 milliards pour l’ensemble de l’année précédente.
«Tant mieux», s’est immédiatement réjoui le ministre français de l’Economie Bruno le Maire au micro de BFM Business. «Nous devrions tous être fiers d’avoir une grande entreprise énergétique qui soit française comme Total», a commenté le ministre, se réjouissant que ces gains permettent de «payer une remise sur les carburants» aux automobilistes français, et «d’augmenter les salaires de Total».
Le groupe a en effet annoncé un 13e mois à tous ses salariés dans le monde, et vient de signer un accord d’augmentation des salaires en France avec deux syndicats majoritaires après une longue grève dans ses raffineries qui continue de créer des ruptures de carburants dans les stations-service françaises. Deux sites du groupe restaient ce 27 octobre en grève, à l’appel du syndicat CGT.
Le pétrole et le gaz ont largement contribué à l’accroissement des profits du groupe. Le prix moyen du gaz naturel liquéfié (GNL), sur lequel TotalEnergies mise depuis plusieurs années, s’est envolé de 50% par rapport au deuxième trimestre, porté par les efforts des Etats européens pour remplir leurs réserves à l’approche de l’hiver.
Le bénéfice a été réalisé en dépit d’une nouvelle provision de 3,1 milliards de dollars liée aux risques sur la Russie, après des provisions de 7,6 milliards lors des deux premiers trimestres.
3,6 milliards de dollars de bénéfices dans le gaz et les renouvelables
«Dans un contexte marqué par un prix du Brent à 100 dollars le baril en moyenne et des prix du gaz exacerbés par l’agression militaire de l’Ukraine par la Russie, TotalEnergies a su tirer parti de son modèle intégré, notamment dans le gaz naturel liquéfié (GNL), pour générer des résultats en ligne avec les trimestres précédents», a commenté le PDG du groupe Patrick Pouyanné dans un communiqué.
Dans cette communication du groupe il est précisé que «le secteur iGRP (integrated Gas, Renewables & Power) [qui rassemble les activités gaz et énergies renouvelables] – réalise sur le trimestre un résultat opérationnel net ajusté record de 3,6 [milliards de dollars], en hausse de 1,1 [miliard] par rapport au 2e trimestre».
Le communiqué ajoute que bien que la production de GNL (gaz naturel liquéfié) du groupe ait baissé de 6% au troisième trimestre sur un an et que ses ventes totales de GNL aient baissé de 10% ce trimestre par rapport au trimestre précédent du fait de maintenances ou d’arrêts de production dans différentes usines, les ventes totales de GNL ont, elles, progressé de 5% sur un an «en raison de l’augmentation des achats spot », c’est-à-dire les achats ponctuels hors contrats de long terme.
Dans le collimateur d’une ONG
Pour les mois à venir, le groupe compte sur le soutien aux cours du pétrole venu notamment de la décision des pays de l’OPEP+ de baisser les quotas de production de 2 millions de barils par jour et sur des prix du gaz «qui devraient rester élevés, portés par la nécessité d’importer du GNL en Europe pour remplacer les importations de gaz russe».
L’ONG étasunienne 350.org, elle, dénonce ces profits et s’indigne dans un communiqué que «l’activité consistant à extraire, brûler et détruire notre climat continue de payer». Elle souligne qu’une résolution du Parlement européen, adoptée le 15 septembre, dénonce des violations des droits humains en Ouganda et en Tanzanie liées à des projets d’investissements pétroliers auxquels participe TotalEnergies.
L’ONG propose aussi de mener des actions en ligne pour nuire à la réputation de TotalEnergies sur internet et tenter ainsi de faire pression sur les banques et compagnies d’assurances associées à ces projets.
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