Une manifestation contre la dégradation des conditions de vie a dégénéré le 4 décembre dans la ville syrienne de Soueïda. Cité par Sana, le ministère de l'Intérieur syrien a accusé «un groupe de hors-la-loi» d'avoir tué un policier.
La situation à Soueïda, chef-lieu d’une province éponyme dans le sud de la Syrie, a dégénéré le 4 décembre. Sur des vidéos relayées sur les réseaux sociaux, on peut voir plusieurs manifestants protestant contre la dégradation de leurs conditions de vie prendre d’assaut le bureau du gouvernorat. Les médias d’opposition ont rapporté que des manifestants appelaient au «renversement du régime» en arrachant et en brûlant des portraits du président Bachar el-Assad. Les forces de l’ordre auraient fait usage d’armes à feu pour disperser la foule en colère.
🛑لحظة سقوط مبنى البعث النصيري الشيعي الأسدي على يد دروز بني معروف الأشاوس #السويداء#سورياpic.twitter.com/wTmqNDY7dF
— سفيان السامرائي (@SufianSamarrai) December 4, 2022
Le ministère syrien de l’Intérieur a indiqué, selon l’agence officielle syrienne Sana, qu’«un groupe de personnes hors-la-loi, dont certaines port[aient] des armes individuelles, avait bloqué, à 11h30 ce matin, la route avec des pneus enflammés à côté du rond-point d’Al-Marshala dans le gouvernorat de Soueïda».
«Le groupe s’est ensuite rendu au bâtiment du gouvernorat de Soueïda et a ouvert le feu, un officier et un certain nombre de civils ont été blessés», ajoute l’agence, se rapportant toujours au ministère. Le groupe aurait ensuite pénétré «par la force des armes» dans le bâtiment, commis des dégradations, volé des «documents officiels», avant d’y mettre le feu.
Le ministère rapporte enfin qu’un policier a été tué au cours d’une tentative d’assaut contre «le bâtiment du commandement de la police». Il a promis de prendre «des mesures légales contre quiconque tente de se jouer de la sécurité, de la stabilité du gouvernorat de Soueïda et de la sécurité de ses citoyens».
De son côté, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, ONG controversée basée à Londres, indique deux morts (dont un manifestant qui aurait été tué par les forces de l’ordre) et plusieurs blessés. L’OSDH indique aussi que la foule était armée.
Un contexte économique et social plombé par les sanctions occidentales
Majoritairement peuplée de Druzes, la province est restée relativement à l’abri des combats depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, à l’exception d’attaques menées par les rebelles en 2013 et 2015 et d’un assaut du groupe djihadiste de Daesh en 2018, ayant tué plus de 280 personnes.
Mais la situation économique déplorable a mis le feu aux poudres. En février dernier, le tarissement des aides sociales avait déjà envenimé la situation. Les habitants de Soueïda avaient manifesté plusieurs jours d’affilée. Selon l’AFP, le gouvernement syrien a décidé de plusieurs mesures d’austérité, dont un rationnement accru de l’électricité. Le pays subit en outre des pénuries de carburant.
L’économie syrienne est au ralenti en raison du maintien des sanctions américaines. En vigueur depuis juin 2020, la loi César isole littéralement la Syrie de ses voisins. Imposée unilatéralement par le gouvernement de Donald Trump, cette série de sanctions empêche Damas de commercer avec l’extérieur, gèle les avoirs à l’étranger et interdit l’accès au système du dollar. Les personnes proches du gouvernement et les entreprises sont de surcroît durement sanctionnées.
Malgré les quelques aménagements pour faciliter l’aide humanitaire, les sanctions américaines appauvrissent l’ensemble de la société syrienne. Près de 90% de la population vit sous le seuil de pauvreté, frappée par une forte inflation qui provoque une chute du pouvoir d’achat. Selon un rapport du bureau de la Coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), les prix ont augmenté de 800% au cours de ces deux dernières années.
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