Les services de renseignement ukrainien (SBU) ont révélé le détournent de 40 millions de dollars dans le cadre de l'achat à l'étranger de 100 000 obus de mortier.
Alors que le manque de munitions est aujourd’hui un enjeu majeur pour Kiev dans le conflit qui l’oppose à Moscou, l’affaire n’apparaît pas anodine.
Dans la soirée du 27 janvier, le SBU a fait connaître un détournement financier de l’ordre de 1,5 milliards d’hryvnia, soit 40 millions de dollars, dans le cadre d’un achat d’armement militaire. L’affaire remonte au mois d’août 2022 et concerne 100 000 obus de mortier… qui n’ont jamais été livrés.
La communication des autorités ukrainiennes vise notamment des responsables du ministère de la Défense et des dirigeants de l’arsenal de Lvov.
СБУ за сприяння Міноборони викрила чиновників оборонного відомства і менеджерів «Львівського арсеналу», які вкрали майже 1,5 млрд грн на закупівлі снарядів
➡️ https://t.co/Ped7ILKky0pic.twitter.com/aV9D6HozqV
— СБ України (@ServiceSsu) January 27, 2024
La publication officielle fait état d’une opération menée par les services «avec l’aide du ministère ukrainien de la Défense» et évoque l’implication dans le détournement de fonds «d’anciens et actuels hauts fonctionnaires du ministère de la Défense de l’Ukraine et des chefs de sociétés affiliées». Le document précise même l’implication des anciens et actuels chefs du Département de la politique militaro-technique, du développement des armes et des équipements militaires du ministère de la Défense et du chef et directeur commercial de l’arsenal de Lvov.
Les obus n’ont pas été livrés
Un contrat pour l’achat d’obus a été signé, les fonds ont été transférés sur les comptes de l’entreprise contractante mais aucun obus n’a été livré. Les fonds ont en effet été transférés sur les comptes d’une autre entreprise affiliée dans les Balkans. Sans préciser s’il s’agit de la totalité de la mise initiale, le SBU affirme que «les fonds volés ont été saisis et la question de leur retour au budget ukrainien est en train d’être résolue».
Cette nouvelle affaire qui secoue l’État ukrainien concerne des faits remontant à août 2022. L’affaire sort donc fin janvier 2024, un an après un autre scandale qui avait mené à la démission du ministre de la Défense Oleksii Reznikov, touché par une vaste affaire de produits alimentaires surfacturés à l’armée, avec des prix deux à trois fois supérieurs aux tarifs en vigueur pour les denrées de base.
Et voilà : inadmissible !
« Fraude » de 40 millions d’euros mise au jour dans la livraison d’armement à l’#Ukraine de #Zelensky !
« Un détournement de grande ampleur » avouent même les Ukrainiens ! « 100 000 obus de mortier détournés » !
(cf : https://t.co/8aFhkdOyO0)➡️ La… pic.twitter.com/602GdaXPAl
— Florian Philippot (@f_philippot) January 28, 2024
Philippot, seule voix à dénoncer l’affaire en France
Les réactions à ce nouveau fait de corruption dans l’administration ukrainienne n’ont pas été nombreuses en Occident. En France, seul le président des Patriotes Florian Philippot a réagi sur le réseau social X (ex-Twitter), en déclarant : «La corruption est ultra répandue en Ukraine, arrêtons enfin d’y envoyer des armes et de l’argent, largement détournés ! Choisissons la paix ! Ça suffit !»
Autre affaire : en août 2023, ce sont tous les responsables régionaux du recrutement militaire d’Ukraine qui avaient été limogés par le président Zelensky, du fait d’un vaste système de corruption permettant notamment à des conscrits d’échapper à l’armée.
Le ministre de la Défense ukrainien reconnaît avoir «failli» dans la lutte contre la corruption