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En 2022, la France a été touchée par une surmortalité, selon l’Insee

La surmortalité a explosé en France en 2022, avec un excès de décès de 8,7%, détaille l’Insee. Si l’organisme de statistiques ne rentre pas dans le détail des causes possibles de ces chiffres, il évoque la canicule, la grippe et la gestion du Covid.

Des chiffres qui font froid dans le dos : en 2022, 675 000 personnes sont mortes en France, soit 53 800 décès de plus qu’attendu.

Le 6 juin, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié les chiffres consolidés de la surmortalité en France l’année précédente. Des données en phase avec les chiffres provisoires publiés en janvier dernier : 55 000, soit 8,5% de plus qu’en 2019, année de référence pour l’Insee. Une surmortalité qui croît d’année en année, observe l’organisme public, puisqu’elle «a été un peu plus forte en 2022 (8,7%) qu’en 2021 (6,9%) et 2020 (7,8%)».

En clair, la surmortalité est supérieure en 2022 à ce qu’elle a été au plus fort de l’épidémie de Covid-19, alors que le coronavirus a nettement moins tué en 2022, avec 38 300 morts attribués contre 59 100 en 2021, selon les chiffres de Santé publique France.

Chaque année, l’institut calcule le nombre de décès attendus en fonction de différents facteurs, comme la pyramide des âges et la baisse du risque de décès lié notamment aux progrès médicaux : avec le vieillissement de la population, on comptabilise de plus en plus de morts chaque année, ce qui est normal. C’est l’écart entre ce chiffre attendu et celui observé qui constitue la surmortalité.

Surmortalité en hausse, morts du Covid en baisse

Si les statistiques définitives mettent autant de temps à être publiées, c’est que l’Insee procède à des vérifications de chiffres et des ajustements parfois étonnants. A titre d’exemple, l’avant-dernière semaine de 2022, la surmortalité était «très élevée», selon les données alors disponibles en ligne. Quelques jours plus tard, sur la même semaine 51, elle n’était plus qu’«élevée». Par quel miracle, alors que le nombre de morts était toujours de 13 500 ? Simple : l’Insee avait remonté le nombre de morts attendus de 10 500 à 11 100, réduisant de facto l’écart entre le nombre de décès attendus et constatés, sans toutefois expliquer ces modifications.

Selon l'Insee, le nombre de naissances a atteint un point bas historique en 2022 (image d'illustration).

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L’Insee avance plusieurs explications à la surmortalité qu’elle a constatée, citant notamment «les deux épidémies de grippe» en mars-avril et en décembre 2022, ainsi que les fortes chaleurs de l’été 2022. Ce dernier facteur est surprenant, puisqu’en France le mois de juillet 2022 a été moins chaud (+1,6° par rapport aux normales saisonnières) qu’en 2018 et 2019 (+2,4° et + 2,2°), avec pourtant une surmortalité bien supérieure. Elle se situait entre 3 et 4% en 2018 et 2019 contre 7% en juillet 2022. L’organisme de statistiques n’explique pas ce qui aurait pu fragiliser les gens en 2022 ou si d’autres facteurs que la chaleur peuvent entrer en ligne de compte.

10% de surmortalité chez les 15-34 ans

Autre fait surprenant, la surmortalité est bien plus importante dans certaines tranches d’âge peu sensibles à la grippe ou à la canicule : elle est de 6% pour les moins de 15 ans, 10% pour les 15-34 ans, frôle les 9% pour les 35-54 ans, avec à chaque fois une explosion par rapport aux années 2020 et 2021. La seule tranche d’âge où la surmortalité de 2022 est inférieure à celle de 2021 est celle des 55-64 ans. Elle est en revanche bien supérieure pour les plus de 95 ans : 11% en 2022 contre 3% en 2021 et plus de 6% en 2020, ce qui est plus en phase avec les explications «fortes chaleurs» et «grippe».

L’Insee pointe aussi du doigt les conséquences de la gestion de la pandémie en France pour expliquer l’excès de morts : «L’épidémie de Covid-19 a pu entraîner une hausse des décès en 2021 et en 2022 en raison d’effets indirects, comme des reports d’opérations ou la baisse des dépistages d’autres maladies en 2020.» En effet, durant les pics pandémiques, de nombreux hôpitaux ont été partiellement fermés pour les soins non urgents, et de nombreuses interventions prévues déprogrammées en prévision d’un possible afflux de malades du coronavirus.

Un phénomène qui touche toute l’Europe

L’Insee ne s’attarde toutefois pas sur toutes les causes possibles de la surmortalité. Des facteurs comme la vaccination anti-Covid qui ont enflammé ses opposants sur internet, ou la relance des centrales à charbon en Allemagne depuis la fin du nucléaire et des embargos sur le gaz, consécutifs à la guerre en Ukraine, ne sont ainsi pas abordés. Selon Eudravigilance, la base de pharmacovigilance européenne, plus de 50 000 décès seraient potentiellement attribuables aux effets indésirables des vaccins au 6 mai 2023 en Europe. Quant aux centrales à charbon, fortement émettrices de particules fines nocives, elles pourraient être la cause de nombreux morts en Allemagne et, dans une moindre mesure, dans les pays frontaliers. Une tribune fait état de 200 000 morts annuels attribuables à cette cause en Allemagne.

Par ailleurs, la surmortalité affecte tous les pays européens, à l’exemple de la Belgique qui a enregistré 5,1% d’excès de mortalité en 2022 ou de la Grande-Bretagne. Le Times détaillait ainsi en janvier 2023 : «Dans l’ensemble, les 656 735 décès de l’an dernier au Royaume-Uni étaient de 51 159 supérieurs à la moyenne quinquennale pré-Covid. Ce chiffre annuel n’a été dépassé que quatre fois avant 1951, depuis que la collecte des données a commencé il y a 130 ans». Un pays dans lequel la gestion de la pandémie fait par ailleurs polémique, au point qu’une enquête publique a été ouverte sur le sujet.

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