Une entreprise clandestine israélienne, spécialisée dans la manipulation électorale, aurait été utilisée pour influencer des dizaines d'élections dans le monde, notamment en Afrique, selon le collectif de journalistes Forbidden Stories.
Une société clandestine israélienne aurait influencé des dizaines d’élections, à travers notamment les réseaux sociaux, selon le collectif de journalistes Forbidden Stories dans un article publié sur leur site le 15 février. Cette entreprise, sans existence légale, surnommée «Team Jorge» par les journalistes d’investigation, en raison du pseudonyme d’un de ses responsables, Tal Hanan, serait composée d’anciens membres des services de sécurité israéliens.
Trois des membres de Forbidden Stories, un journaliste de Radio France, un du quotidien israélien Haaretz et un autre du journal israélien The Marker, se sont fait passer pour des clients potentiels pour recueillir pendant plusieurs mois des informations sur la «Team Jorge». «Nous sommes intervenus dans 33 campagnes électorales au niveau présidentiel», a déclaré Jorge à ses faux clients, selon le site de Radio France.
L’Afrique particulièrement visée ?
Sur ces 33 campagnes, leur a précisé un autre responsable non identifié, «les deux tiers d’entre elles [ont eu lieu] en Afrique anglophone et francophone. 27 ont été un succès». En Europe, la société serait intervenue dans le référendum, non reconnu par le gouvernement espagnol, organisé par les indépendantistes catalans en 2014, selon le site de Radio France.
En Afrique, «nous pouvons confirmer qu’au cours de l’été 2022, alors que l’élection présidentielle kényane approchait, Jorge s’est intéressé aux comptes de proches du futur président William Ruto», Dennis Itumbi et Davis Chirchir, membres de son équipe de campagne, selon le site Forbidden Stories.
Pour ses activités, la société a notamment développé «depuis six ans une plateforme numérique», AIMS [Advanced Impact Media Solutions en anglais, soit «solutions avancées pour un impact médiatique»], qui lui permet de créer à volonté des faux comptes sur les réseaux sociaux, mais aussi et surtout de les activer, de les animer pour leur donner un vernis d’existence, explique le collectif.
Espionnage et mises sur écoute
«Début janvier 2023, le système exploitait 39 213 faux profils différents, consultables dans une sorte de catalogue. On y trouve des avatars de toutes ethnies et nationalités, de tous genres, célibataires ou en couple… Leurs visages sont des portraits de vraies personnes piochées sur internet, et leurs patronymes, la combinaison de milliers de noms et de prénoms stockés dans une base de données», selon le site de Radio France.
D’après cette source, l’entreprise aurait aussi recours à l’espionnage de personnages clés, notamment en les plaçant sur écoute, et à des actions d’influence, de lobbying auprès de décideurs ou de journalistes. Forbidden Stories («histoires interdites») est un réseau de journalistes d’investigation créé en 2017 et situé en France. Il s’est donné pour mission de poursuivre le travail d’autres journalistes menacés, emprisonnés ou assassinés.
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