La mort de Khader Adnane, cadre du Jihad islamique, après 80 jours de grève de la faim dans une prison israélienne a entraîné des tirs de roquettes de Gaza vers l'Etat hébreu. Le mouvement gazaoui promet une vengeance.
Un haut responsable du Jihad islamique est mort le 2 mai après plus de 80 jours de grève de la faim dans une prison israélienne. Son décès a provoqué des tirs de roquettes de la bande de Gaza vers Israël.
Khader Adnane, 45 ans, avait été emprisonné de nombreuses fois par Israël et avait déjà mené quatre grèves de la faim, devenant un symbole pour les Palestiniens.
L’administration pénitentiaire israélienne a annoncé dans un communiqué la mort d’un prisonnier affilié au Jihad islamique, «retrouvé inconscient dans sa cellule» puis hospitalisé.
Refus de son hospitalisation
L’organisation Physicians for Human Rights Israel lui avait récemment rendu visite et appelé à son hospitalisation «immédiate», affirmant que sa vie étant en danger.
«Khader Adnane a choisi la grève de la faim en dernier recours, un moyen non-violent de protester contre l’oppression dont lui et son peuple font l’objet», a réagi l’organisation le 2 mai.
Lors d’une conférence de presse à leur domicile d’Arraba, dans le nord de la Cisjordanie occupée, son épouse Randa Moussa a déclaré que son décès était une «fierté».
Le 28 avril, elle avait dit à l’AFP que ses conditions de détention étaient «très difficiles» et qu’Israël avait refusé de le transférer vers un hôpital civil et d’autoriser la visite de son avocat.
«Nous ne voulons pas qu’une goutte de sang soit versée, nous ne voulons pas que quelqu’un réponde au martyre de cheikh (Adnane), nous ne voulons pas que quelqu’un tire des roquettes et qu’on frappe Gaza par la suite», a-t-elle dit le 2 mai.
A l’aube, trois roquettes et un obus de mortier ont été tirés de Gaza vers Israël, tombant dans des terrains vagues ou près de la barrière frontalière, a annoncé l’armée israélienne.
Les tirs n’ont pas été revendiqués dans l’immédiat.
Israël «paiera le prix de ce crime»
Après l’annonce du décès, le Jihad islamique, une organisation considérée comme «terroriste» par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne, avait affirmé qu’Israël «paiera le prix de ce crime».
«Si le peuple palestinien n’avait pas eu de personnes comme cheikh Khader, notre cause n’aurait pas eu d’écho», a affirmé son chef, Ziad al-Nakhalé, saluant une mort «puissante et honorable».
En août 2022, trois jours d’affrontements entre Israël et le Jihad islamique avaient causé la mort de 49 Palestiniens, dont 12 membres du Jihad islamique selon le mouvement, et au moins 19 enfants d’après l’ONU. Environ 200 roquettes avaient été tirées par le Jihad islamique de Gaza vers Israël, causant trois blessés.
Dans la matinée du 2 mai, des commerçants palestiniens ont fermé leurs boutiques en Cisjordanie, répondant à un appel à la grève générale, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Dans le nord de ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, un Israélien a été blessé par des éclats de verre et deux véhicules endommagés par des coups de feu, selon l’armée israélienne qui est à la recherche de suspects.
L’autorité palestinienne condamne
Khader Adnane avait commencé sa grève de la faim dès le début de son incarcération le 5 février, a indiqué l’administration pénitentiaire, affirmant qu’il «refusait de subir des examens médicaux et de recevoir des soins».
Il avait été inculpé en raison de son implication au sein du Jihad islamique et pour des discours incitant à la violence, en soutien à une organisation hostile, a déclaré à l’AFP un responsable israélien sous couvert d’anonymat.
La cour d’appel militaire avait rejeté sa demande de libération, d’après cette source.
Des prisonniers palestiniens ont déjà succombé des suites d’une alimentation forcée mais Adnane est le premier à décéder d’une grève de la faim, a indiqué à l’AFP le président du Club des prisonniers palestiniens, Qaddoura Fares.
Le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh, a accusé Israël d’avoir «assassiné» Adnane «en rejetant ses appels à le libérer, en le négligeant médicalement et en le gardant dans sa cellule malgré la gravité de son état de santé».
Dans une lettre diffusée le 1er avril par le Club des prisonniers, Adnane écrivait: «Je vous envoie ces mots alors que ma chair et ma graisse ont fondu, mes os sont nécrosés et ma force a diminué […]. Je prie pour que Dieu m’accepte comme un martyr dévoué».
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