Un convoi de la Finul a emprunté un trajet inhabituel, s'exposant à des coups de feu dans le sud Liban. Le chauffeur aurait perdu le contrôle de son véhicule avant l'accident, qui a fait un mort et trois blessés parmi les soldats de l'ONU.
Un Casque bleu irlandais de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a été tué et trois autres ont été blessés lors d’un «incident» dans le sud du pays dont les circonstances n’ont pas été précisées, ont indiqué le 15 décembre la Finul et Dublin.
Dans un communiqué, la Finul a indiqué «qu’un Casque bleu a été tué et trois autres ont été blessés la nuit dernière dans un incident près du village d’Al-Aqbiya, juste à l’extérieur de la zone d’opérations de la Finul».
La Finul, déployée dans le sud du pays pour faire tampon entre Israël et le Liban, a précisé avoir «lancé une enquête pour déterminer ce qui s’est exactement produit». Les victimes sont des Casques bleus irlandais, selon un communiqué du ministre irlandais des Affaires étrangères et de la Défense Simon Coveney, qui a évoqué lui aussi un «grave incident» sans autre précision.
Une présence de l’ONU peu appréciée au Liban ?
Sur Twitter, les forces armées irlandaises ont indiqué qu’un convoi formé de deux véhicules de Casques bleus qui transportait huit soldats avait quitté la zone d’opérations de la Finul et se dirigeait dans la nuit du 14 décembre vers Beyrouth lorsqu’il a été «la cible de tirs d’armes légères».
Un photographe de l’AFP a vu dans le village d’Al-Aqbiya un véhicule de la Finul qui a percuté un magasin, sur une route menant vers la ville de Saïda plus au nord, à une quarantaine de kilomètres au sud de Beyrouth. Selon des témoins interrogés par l’AFP, la voiture a été interceptée par des habitants alors qu’elle empruntait une voie côtière qui n’est pas habituellement utilisée par les Casques bleus.
Le chauffeur semble avoir perdu le contrôle du véhicule en tentant de fuir le secteur selon eux. Les témoins ont indiqué avoir entendu des coups de feu.
Un incident avec des partisans du Hezbollah ?
Dans ses déclarations à la presse à son arrivée à Bruxelles pour prendre part à un sommet européen, le Premier ministre irlandais, Micheal Martin, s’est dit «profondément choqué et très attristé», soulignant que les Casques bleus de son pays «opèrent dans des environnements parfois hostiles et très difficiles, et dangereux». Il a indiqué qu’il serait «peut-être prudent d’attendre une enquête plus complète et une analyse» pour comprendre les circonstances de l’incident.
Des forces de la Finul étaient déployées sur place dans la matinée du 15 décembre, ainsi que des soldats de l’armée libanaise qui ont confisqué les caméras de surveillance.
Selon les informations rapportées par le média libanais Al Mayadeen, «un véhicule de la FINUL a été impliqué dans un accident de la circulation la nuit dans la ville d’Al-Aqibiya, près de Saïda, après que les habitants de la ville ont protesté contre le comportement de la patrouille qui a changé son itinéraire habituel».
De surcroît, un autre quotidien libanais Al Akhbar indique qu’il y a bien eu «des coups de feu» dont la source «n’a pas été précisée», ajoutant que les tirs ont «accru la colère de la foule et incité le conducteur à rouler rapidement entre eux, avant de s’écraser dans l’un des magasins adjacents à la route». Présente au Liban depuis 1978, la Finul est composée de près de 10 000 soldats de différents contingents.
Des incidents ont opposé par le passé des patrouilles de la Finul et des partisans du Hezbollah pro-iranien dans les zones frontalières contrôlées par le puissant mouvement chiite. Le 31 août dernier, le Conseil de sécurité de l’ONU a renouvelé pour un an le mandat de la Finul, mais en modifiant légèrement la formulation.
La Finul, qui coordonne régulièrement ses patrouilles et ses mouvements dans sa zone d’opérations avec l’armée libanaise, est désormais «autorisée à mener ses opérations de manière indépendante».
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait alors condamné la modification du mandat des Casques bleus, estimant qu’il constituait une «violation de la souveraineté libanaise».
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