Sur Public Sénat le 25 juin, l’ancienne ministre Roselyne Bachelot s’est prononcée en faveur d’une candidature Macron en 2027, en dépit de l’interdiction constitutionnelle. Une déclaration qui a suscité la colère des oppositions.
«Tout le monde est d’accord pour la troisième candidature d’Emmanuel Macron.» Le 25 juin, sur la télévision publique Public Sénat, Roselyne Bachelot s’est prononcée en faveur d’une nouvelle candidature de l’actuel président en 2027.
La pirouette réalisée par celle qui fut ministre de la Culture sous la présidence Macron de 2020 à 2022 consiste à dire que même ses opposants sont pour sa candidature, de manière à pouvoir lui «régler son compte». Rien n’y fait : du côté des oppositions, ces propos n’ont guère été appréciés.
Il faut dire que cette saillie intervient quelques jours après que Richard Ferrand, ancien président de l’Assemblée nationale de 2018 à 2022, ne regrette, le 18 juin, dans les colonnes du Figaro la limitation à deux mandats, bridant selon lui la souveraineté populaire. Vivement critiqué, il avait réfuté vouloir modifier la Constitution pour permettre à Macron de se présenter de nouveau en 2027.
#Ferrand "Tout le monde est d'accord pour une troisième candidature de #Macron : ceux qui veulent le réélire et ceux qui veulent le battre. Car les opposants seraient déçus de ne pas pouvoir lui régler son compte en 2027" @R_Bachelot
Replay https://t.co/KxStGzdiNm#EtMaintenantpic.twitter.com/ezI8GXPiu1— Public Sénat (@publicsenat) June 25, 2023
Des propos qui agacent tous azimuts
«Personne n’a envie que Macron se présente. Ni ses amis, qui ont besoin d’oxygène, ni les opposants, qui n’en peuvent plus de ses méthodes», a ainsi affirmé la journaliste Françoise Degois, ancienne conseillère de Ségolène Royal. Le président des Patriotes Florian Philippot a estimé pour sa part qu’il s’agissait d’un «ballon d’essai» des «macronistes pour forcer un troisième mandat». L’ancien candidat à la présidentielle François Asselineau (UPR) a quant à lui estimé que Roselyne Bachelot, ancienne ministre de Macron et déjà ministre sous le quinquennat de Sarkozy, se plaçait pour un hypothétique troisième mandat. Enfin, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure s’en est pris à cette ancienne adversaire politique dont il a dénoncé les choix successifs.
Il y a qq semaines La défense de Palmade, maintenant le 3e mandat de Macron… Roselyne Bachelot, reconvertie en (sainte) patronne des causes désespérantes… https://t.co/gQUZ7QKZOT
— Olivier Faure (@faureolivier) June 25, 2023
Ministre de la Santé de François Fillon lors de la réforme constitutionnelle de 2008, qui limita le nombre de quinquennats à deux successifs, Bachelot entend désormais mener «une réflexion globale sur la réforme des institutions […] qui habite [sic] d’ailleurs un certain nombre de cercles».
L’ancien ministre de la Justice sous François Hollande, Jean-Jacques Urvoas, avait lui aussi envisagé, selon L’Opinion, un scénario alambiqué pour permettre un troisième mandat d’Emmanuel Macron. En novembre 2022, lors d’un déjeuner avec le bureau de l’association ministérielle, il avait ainsi considéré une hypothèse selon laquelle Emmanuel Macron dissoudrait l’Assemblée, à la faveur de la réforme des retraites, puis démissionnerait faute de majorité avant de se représenter car il n’aurait pas effectué deux mandats entiers. Un scénario politiquement surprenant mais institutionnellement envisageable.
J’aime beaucoup cette citation du prince Hector dans « la guerre de Troie n’aura pas lieu de Jean Giraudoux : « Le droit est la plus belle école de l’imagination ». En voici une nouvelle illustration ! https://t.co/qF0ESPRN5Z
— Jean-Jacques Urvoas (@JJUrvoas) November 29, 2022
Seulement, un an après le début de son second mandat, Emmanuel Macron parvient déjà à susciter la controverse autour d’une hypothétique nouvelle candidature pour 2027. Pour l’heure, seules des personnalités qui n’ont plus de fonctions ministérielles ou électives se sont prononcées pour une hypothétique troisième candidature du président Macron.