Les deux prétendants au pouvoir en Turquie, le président sortant Recep Tayyip Erdogan et son adversaire Kemal Kiliçdaroglu, se disent tous deux en mesure de l'emporter lors d'un second tour le 28 mai qui semble désormais avéré.
Les deux principaux candidats à l’élection présidentielle en Turquie, le président sortant Recep Tayyip Erdogan et son adversaire Kemal Kiliçdaroglu, affirment pouvoir l’emporter lors d’un second tour qui, si les premiers scores sont confirmés, se déroulera le 28 mai.
Pas tout à fait une victoire, mais certainement pas une défaite pour Erdogan, à la tête du pays depuis 20 ans, qui s’est affirmé convaincu devant une marée de partisans exultant au cœur de la nuit «de servir encore son pays pendant cinq ans».
Même confiance affichée par son rival, Kemal Kiliçdaroglu, qui a promis à son camp qu’il allait «absolument gagner au second tour», faisant valoir «le besoin de changement dans la société».
Au soir d’une élection qui a vu une mobilisation sans précédent de l’électorat, malgré la crise et trois mois après le séisme dévastateur du 6 février, le «reis» de 69 ans affirme être «clairement en tête» de la présidentielle, mais prêt à «respecter» un second tour s’il est nécessaire.
«Nous ne savons pas encore si l’élection est terminée avec ce premier tour mais si le peuple nous emmène au second tour, nous le respecterons», a-t-il promis. C’est la première fois que le chef de l’Etat, 69 ans, serait contraint à se présenter une deuxième fois devant les électeurs faute d’avoir réuni 50% des voix.
Sinon Ogan devrait négocier
Face à lui, le social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu, un ancien haut fonctionnaire de 74 ans qui emmenait une coalition inédite de six formations de l’opposition, était donné régulièrement en tête par les instituts de sondages, même d’une courte tête.
Mais selon les résultats portant sur 95% des bulletins, il totalisait tout juste 45% des voix à 3h30 lundi (0h30 GMT), selon l’agence officielle Anadolu. Son camp a immédiatement contesté ce chiffre, affirmant que les résultats des bureaux de vote les plus favorables au candidat restaient bloqués dans le système de la Commission électorale (YSK). «Vous entravez la volonté de la Turquie. Mais vous ne pouvez pas empêcher ce qui va advenir, nous n’accepterons jamais le fait accompli», a prévenu Kemal Kiliçdaroglu.
Le troisième candidat, Sinon Ogan, dissident du parti nationaliste MHP crédité d’environ 5% des voix, s’apprête à les négocier sans préciser avec qui. En soirée, les deux camps se sont livrés une bataille de chiffres, enjoignant à leurs observateurs respectifs de rester sur les lieux de dépouillement jusqu’au bout.
Des électeurs enthousiastes
Toute la journée, les urnes s’étaient remplies à grande vitesse de grosses enveloppes couleur moutarde déposées par des électeurs enthousiastes qui ont parfois attendu plusieurs heures avant de pouvoir voter. Le taux de participation, semble-t-il proche de 90%, n’a pas été communiqué officiellement. Les 64 millions d’électeurs devaient aussi choisir les 600 députés qui siégeront au parlement monocaméral à Ankara. Erdogan en a revendiqué la moitié pour son camp.
En 2018, lors de la dernière présidentielle, le chef de l’Etat l’avait emporté au premier tour avec plus de 52,5% des voix. Ce ballotage constitue donc déjà un revers pour Erdogan, qui a su développer son pays et le tirer vers la prospérité avant que ses opposants ne dénoncent chez lui une dérive autocratique.
Kiliçdaroglu emmenait un front uni de six partis, de la droite nationaliste au centre gauche libéral, censé lui garantir la victoire, avec le soutien du parti prokurde HDP, troisième force politique du pays. Erdogan se présentait en revanche devant un pays usé par une crise économique, avec une monnaie dévaluée de moitié en deux ans et une inflation qui a dépassé les 85% à l’automne. Malgré tout, «le peuple a choisi la stabilité et la sécurité lors de cette élection présidentielle», a-t-il affirmé.
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