Le président français est mis en cause dans un rapport parlementaire, publié ce 18 juillet, concernant les «Uber Files». Ses auteurs dénoncent l’existence d’une relation «opaque» et «privilégiée» entre Emmanuel Macron et le géant américain des VTC.
«Uber a trouvé des alliés au plus haut niveau de l’État, à commencer par M. Emmanuel Macron.» Le rapport parlementaire publié ce 18 juillet sur un «deal caché» entreUber et Emmanuel Macron fait l’effet d’une bombe pour les oppositions. Le camp présidentiel tente, lui, de contester le sérieux de ce rapport aux conclusions sévères.
Ce document fait état de contacts récurrents entre l’actuel président et les dirigeants d’Uber. Des contacts entérinés alors qu’Emmanuel Macron était ministre de l’Economie, sous la présidence Hollande, et qui se seraient poursuivis après son accession à l’Elysée en 2017. «La confidentialité et l’intensité des contacts entre Uber, Emmanuel Macron et son cabinet témoignent d’une relation opaque mais privilégiée», notent les auteurs du rapport.
Celui qui allait devenir président de la République aurait ainsi facilité l’allègement des conditions de formation et d’examen imposées aux chauffeurs de VTC (véhicule de transport avec chauffeur).
La France insoumise en première ligne
Rapporteur de la commission, la députée de Paris Danielle Simonnet a travaillé six mois sur ce dossier. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, elle dénonce Uber comme une entreprise ayant «érigé l’illégalité en stratégie de fonctionnement, de développement». «La plateforme savait qu’elle était totalement hors la loi, mais elle décidait d’imposer l’état de fait à l’Etat de droit», poursuit l’élue.
Après 6 mois de travail, voici le rapport de la commission d'enquête sur les #Uberfiles
Les révélations sont édifiantes ! Macron a non seulement aidé une entreprise hors la loi à s'implanter, mais il continue à défendre le modèle Uber afin de poursuivre sa casse du salariat ! pic.twitter.com/lx1y2U4QZV
— Danielle Simonnet (@SimonnetDeputee) July 18, 2023
Dénonçant des manœuvres d’un «petit monde oligarchique», elle affirme l’existence d’un «contact direct entre le PDG d’Uber et Emmanuel Macron», ainsi qu’avec certains de ses collaborateurs. Danielle Simonnet évoque «dès 2019» une note mettant en cause la légalité des usages d’Uber et des plateformes, notamment en matière de droit du travail et plus particulièrement sur la requalification en CDI (contrat à durée indéterminée) de personnels travaillant sous la forme de la micro-entreprise.
Les Insoumis, en pointe sur ce dossier, ont largement relayé les propos et la prise de parole de Danielle Simonnet. D’autres personnalités de La France insoumise, comme l’eurodéputée Manon Aubry, ont mis en cause la porosité entre l’Etat et de grands intérêts privés.
Au Rassemblement national, des élus se sont aussi fait l’écho de ce scandale, à l’image du député de l’Hérault Aurélien Lopez-Liguori, président du groupe d’études sur la souveraineté numérique, qui s’est montré très élogieux sur le travail réalisé par la commission d’enquête parlementaire.
La majorité dénigre le rapport
Le président de la commission d’enquête, le député Renaissance Benjamin Haddad, a sévèrement critiqué les conclusions du rapport, reprochant à Danielle Simonnet de politiser l’affaire. Il dénonce un «rapport complotiste et partisan». Ce à quoi l’élue LFI a réagi en conférence de presse, indiquant que cela reviendrait à considérer que «les journalistes du Monde et de Radio France» et «la commission qui a adopté le rapport» sont des «complotistes».
#UberFiles | Le rapport de la commission d'enquête est partisan et militant. Je le regrette car il y aurait des propositions à verser au débat. La rapporteure en a fait une tribune pour un procès politique et démontre un irrespect total envers notre institution @AssembleeNat . https://t.co/qsNIzIObuJ
— Anne GENETET (@AGenetet) July 18, 2023
Plusieurs membres de la majorité ont également évoqué un rapport «partisan», à l’image de la députée des Français de l’étranger, Anne Genetet. Le rapport de la commission a toutefois été validé par tous les députés Nupes de la commission d’enquête ainsi que ceux du groupe Liot et du Rassemblement national. Seule la majorité présidentielle et un élu des Républicains se sont abstenus.
Le rapport parlementaire sur les «Uber Files» ne peut pas avoir d’incidence judiciaire pour le président de la République durant son mandat. En revanche, il révèle selon les détracteurs d’Emmanuel Macron la proximité du chef de l’Etat avec de grands groupes privés.
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