L’exécutif helvète a finalement choisi d’autoriser le rachat de Credit Suisse par son plus gros concurrent national pour près de 3 milliards d’euros. Mais ce sauvetage in extremis ne suffit pas à rassurer les banques du Vieux Continent.
L’ouverture d’une ligne de crédit de 50 milliards de francs suisses (50,4 milliards d’euros) n’a pas suffi à rassurer les marchés mondiaux sur la viabilité de Credit Suisse, la deuxième banque suisse dont le cours de l’action n’a cessé de plonger au cours de la semaine passée.
Le 19 mars le président de la Confédération helvétique, Alain Berset, a dû se résoudre à annoncer que le géant bancaire UBS rachetait son rival en difficulté pour 3 milliards de francs (3,03 milliards d’euros). «Une chute incontrôlée de Credit Suisse aurait eu de grandes conséquences. Dans ces conditions, la reprise de Credit Suisse par UBS est la meilleure solution», a-t-il commenté.
En urgence, les sept membres du Conseil fédéral avaient signé la veille une ordonnance autorisant la fusion sans l’approbation des actionnaires. Et pour ces derniers, le clap de fin a un goût amer. En effet, selon les informations révélées par le quotidien La Tribune de Genève, l’accord prévoit qu’ils recevront une action UBS pour 22,48 actions Credit Suisse, ce qui valorise leur titre à 76 centimes.
C’est beaucoup moins que les 1,86 franc du cours de clôture du 17 mars, qui se trouvait déjà à un plus bas historique. Et ce, sans parler des 4,51 francs de sa cotation du 26 octobre dernier, lors de l’entrée dans son capital de la Banque nationale saoudienne.
La combinaison des deux banques helvétiques les plus grandes et les plus connues laisse la Suisse, un centre financier mondial, avec un seul champion national du secteur bancaire. Le Credit Suisse, qui fait partie des 30 institutions financières connues comme des banques d’importance systémique mondiale, gérait un portefeuille d’actifs d’environ 1 200 milliards d’euros.
«C’est un jour historique, triste et très difficile pour le Credit Suisse, pour la Suisse et pour les marchés financiers mondiaux», a déclaré Axel Lehmann, président de l’établissement, ajoutant que le sort des quelque 40 000 employés de Credit Suisse, dont 17 000 en Suisse, était désormais la priorité.
Fin de séance dans le vert
Mais ce sauvetage à prix cassé n’a pas pour le moment calmé la fébrilité des marchés d’actions de banques. Ainsi, à l’ouverture, l’indice Stoxx des banques perdait 2,15% et à Paris, Crédit agricole (-1,59%), Société générale (-3,89%) et BNP Paribas (-2,50%) reculent, de même que HSBC (-2,66%) à Londres ou encore Deutsche Bank (-4,48%).
Les bourses européennes ont finalement rebondi à la clôture, les investisseurs se montrant soulagés par le rachat et par les garanties des banques centrales sur la solidité du système bancaire. A titre d’exemple, Paris a gagné 1,27%, Francfort 1,12% et Londres 0,93%, des progressions qui sont toutefois loin de combler les pertes de la semaine passée.
Quant à la banque UBS, elle a repris quelques couleurs en fin de journée à la Bourse de Zurich. A la clôture, le titre d’UBS a pris 1,26%, à 17,325 francs. Dans la première heure de cotation ce 20 mars au matin, l’action avait perdu jusqu’à 15% de sa valeur, avant de se reprendre. Credit Suisse a pour sa part terminé en repli de 55,74%, à un peu plus de 82 centimes, soit au-dessus des 76 centimes proposés par UBS pour son rachat.
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