France

Un «grand endoctrinement» à l’école ? Pap Ndiaye conteste les assertions d’Eric Zemmour

Attaqué par l'ancien candidat de Reconquête! à la présidentielle concernant des «aberrations» de l'Education nationale sur les identités de genre, le ministre a affirmé que la polémique était dénuée de tout fondement.

Dans une interview diffusée sur France Info le 12 septembre, le ministre de l’Education Pap Ndiaye s’en est pris à Eric Zemmour après les propos de ce dernier relatifs à un «grand endoctrinement» que subiraient les élèves à l’école, en particulier au travers des enseignements basés sur la théorie du genre. «Ce sont les propos d’un professionnel de la polémique qui ne songe pas à l’intérêt des enfants, mais qui songe à sa carrière politique, d’ailleurs mal en point», a lancé Pap Ndiaye sur la radio publique.

Le 11 septembre, au cours d’un meeting de rentrée clôturant l’université d’été de Reconquête!, Eric Zemmour a consacré un long développement à l’école et demandé à ses supporters d’établir un «réseau national de parents vigilants» qui pourrait signaler les «aberrations» dont seraient victimes les enfants au sein de l’école publique. Il a en particulier fustigé «les enseignants [qui apprennent] à vos enfants que la France est coupable de crime contre l’humanité» et les «intervenants extérieurs [apprenant] à votre fille de six ans que si elle le souhaite, elle peut devenir un garçon», relançant la polémique sur l’enseignement de la théorie du genre à l’école.

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L’éducation sexuelle n’a rien à voir avec la théorie du genre

«Ça ne m’intéresse pas», a rétorqué le ministre de l’Education nationale, selon qui il est uniquement question de «parler d’éducation à la sexualité à l’école», en remarquant que ce thème d’enseignement était prévu par la loi et en répétant que «l’éducation sexuelle n’a rien à voir avec la théorie du genre». Il a noté à ce sujet qu’il y avait «de grandes variations selon les classes, les écoles et les territoires». Or, pour le ministre, cette éducation poursuit des objectifs de santé publique, comme faire reculer les grossesses précoces ou lutter contre les maladies sexuellement transmissibles, mais aussi «des objectifs plus généraux liés aux discriminations, à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, liés à la lutte contre les “LGBTphobies”, et aux inégalités entre filles et garçons».

Sur ce dernier point, il a souligné par exemple que les filles étaient trop faiblement représentées dans les filières scientifiques de l’enseignement supérieur. Interrogé sur les moyens concrets de remédier à cet état de fait, il a indiqué qu’il était possible d’agir sur les stéréotypes de genre «à propos de l’occupation des cours d’école», dans lesquelles les garçons s’approprient plus souvent l’espace pour jouer au football que les filles.

De ce point de vue, il souhaiterait aboutir à «une bonne répartition des activités de chacun et chacune, sans qu’un type d’activités l’emporte nécessairement», et insisté sur la nécessité de proscrire les insultes «sexuelles, sexistes dont souvent les jeunes filles […] sont victimes» dans lesdites cours de récréation. Pour autant, interrogé sur la mise en place de cours centrés sur les identités de genre, Pap Ndiaye a affirmé que rien de tel n’était prévu.

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Comme l’avait révélé France Inter le 7 septembre, le gouvernement compte relancer la lutte contre les stéréotypes de genre à l’école, mais préférerait avancer prudemment d’après la radio, se souvenant  des violentes polémiques de 2014 et 2015 au sujet des «ABCD de l’égalité». Portés par Najat Vallaud-Belkacem et censés déjà déconstruire les stéréotypes féminins et masculins, ces supports avaient été contestés par la droite, conduisant François Hollande à les abandonner. L’ancien ministre de l’Education nationale et prédécesseur de Pap Ndiaye, Jean-Michel Blanquer, avait ensuite estimé qu’«ils n’étaient pas bons» en 2017.

Le choix de Pap Ndiaye pour le ministère de l’Education nationale lors de la constitution du gouvernement d’Elisabeth Borne avait provoqué un tir de barrage de l’opposition de droite et du Rassemblement national, suspectant le nouveau venu de «wokisme», comme certains élus de la majorité. Celui qui était directeur du Musée de l’immigration à Paris n’a en effet jamais fait mystère de son intérêt pour les sciences sociales américaines intégrant la notion de races, à l’opposée de l’approche universaliste de la République française. Dans un entretien au Monde en 2017, il jugeait que la notion de «racisme d’Etat» n’était «pas pertinente pour caractériser la situation française», tout en considérant qu’«il existe bien un racisme structurel en France, par lequel des institutions comme la police peuvent avoir des pratiques racistes».




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