La cour d'appel de Paris a estimé qu'un journaliste de La Croix, Le Monde et deux journalistes de ce dernier avaient diffamé un responsable du Rassemblement national en lui imputant des propos négationnistes en 2017.
Un journaliste de La Croix ainsi que Le Monde et deux de ses journalistes ont été condamnés en appel à un euro de dommages-intérêts pour diffamation envers Jean-François Jalkh (RN), lui ayant imputé des propos négationnistes en 2017, a appris l’AFP ce 3 février auprès des parties.
La cour d’appel de Paris a estimé le 2 février que les journalistes avaient commis une faute civile et a en outre attribué au plaignant 1 000 euros au titre des frais d’avocat.
Le 25 avril 2017, le journaliste Laurent de Boissieu avait tweeté un extrait d’un numéro de 2005 de la revue universitaire Le Temps des savoirs, dans lequel étaient retranscrits des propos tenus en 2000 par Jean-François Jalkh. Ce dernier venait d’être nommé président par intérim du FN, pendant que Marine Le Pen était candidate à la présidentielle en 2017.
Il y était cité disant notamment : «Le problème des chambres à gaz, mais moi je dis qu’on doit pouvoir discuter même de ce problème.» Il se défendait dans la même publication d’être «négationniste». «Mais je dis moi, quelque chose qui m’a énormément surpris, dans les travaux d’un négationniste ou d’un révisionniste sérieux […], c’est le sérieux et la rigueur, je dirais, de l’argumentation». Il parlait ensuite de Robert Faurisson, régulièrement condamné pour avoir nié la réalité de la Shoah et du Zyklon B. utilisé dans les chambres à gaz nazies.
Deux jours après le tweet de Laurent de Boissieu, deux journalistes du Monde avaient publié un article intitulé : «Front national : Jean-François Jalkh rattrapé par ses déclarations négationnistes». Ce dernier, qui réfutait avoir remis en cause la Shoah, avait été remplacé à la présidence par intérim du parti d’extrême droite après cette polémique.
En première instance, le 18 février 2022, les journalistes avaient été relaxés. Le plaignant avait fait appel. Le parquet n’ayant pas fait appel, la cour ne s’est repenchée que sur le volet civil, le volet pénal étant définitivement clos.
David Dassa-Le Deist, avocat de l’eurodéputé RN, s’est «réjoui» de cette décision «qui, cinq ans après une polémique montée de toute pièce pour affaiblir le Rassemblement national, vient rétablir la vérité et rendre à Jean-François Jalkh son honneur». Jean-François Jalkh «n’est pas négationniste», a-t-il affirmé.
«La relaxe est définitive puisqu’il n’y avait pas eu d’appel du procureur de la République», a relevé l’avocat du Monde, Christophe Bigot. «Cette condamnation est incompréhensible puisqu’on est sur un sujet d’intérêt général», a-t-il ajouté, annonçant un pourvoi en cassation.
«Etonnée» par cet arrêt, le conseil de Laurent de Boissieu, Florence Bourg, a souligné qu’il s’agissait d’une condamnation pour une «simple faute civile» et indiqué qu’elle formait elle aussi un pourvoi.