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«Une bande venue pour tuer» : à Crépol, les témoignages de l’horreur

Trois jours après le drame qui a secoué la Drôme, les témoignages sur l’agression au couteau qui a causé la mort d'un jeune homme de 16 ans se multiplient. Les réactions politiques et médiatiques demeurent assez contenues et limitées à la droite.

«C’était une attaque, pas une rixe ou une bagarre !» La descente survenue dans une salle des fêtes à Crépol dans la Drôme dans la nuit du 18 au 19 novembre révèle désormais son lot de témoignages glaçants. 

«Une bataille entre les agresseurs et ceux qui ont eu le courage de leur faire face»

«Ils plantaient des gens à l’aveugle», a ainsi déclaré un participant au bal, le 21 novembre dans Le Parisien. Le déroulé de la soirée commence à être connu : c’est vers 2h10, le 19 novembre, que le premier coup de couteau a été porté à un vigile alors que la soirée organisée dans la salle des fêtes du village prenait fin. La cause de l’agression : l’agent de sécurité avait interdit à un petit groupe d’une quinzaine d’individus d’entrer.

Des jeunes sortis de la salle sont alors venus prêter main forte au vigile agressé, et c’est alors que les coups de couteaux ont fusé. «Des jeunes de cité ont encerclé la salle des fêtes et plantaient les gens à l’aveugle. Le videur s’est fait trancher les doigts. On faisait un massage cardiaque à un jeune par terre», a confié un témoin au Parisien. «C’était le chaos», a-t-il résumé.

«Une chasse aux Gaulois», selon Marion Maréchal

C’est lors de cette séquence que le jeune Thomas, 16 ans, a été mortellement atteint. Une personne présente, dont les propos ont été rapportés par le Dauphiné Libéré , affirme avoir entendu un assaillant s’exclamer : «On est là pour planter des blancs.»

La maire du village Martine Lagut a décrit, toujours dans Le Parisien, «une bande […] venue pour tuer. Ils n’étaient pas venus pour s’amuser mais pour faire du mal».

Le bilan humain final est donc d’un mort et de 18 blessés, donc cinq à l’arme blanche. Deux jeunes ont été hospitalisés en «urgence absolue», l’un âgé de 23 ans et l’autre de 28 ans qui a reçu «des coups de couteau au niveau du thorax».

Des réactions politiques et médiatiques inégales

Après avoir gardé le silence dans les premières 48 heures, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a déclaré le 20 novembre au soir sur France 5 : «Ce qu’il s’est passé dans la Drôme est ignoble et tous les moyens sont mis en œuvre pour retrouver le ou les auteurs de cet assassinat.»

La sénatrice Les Républicains des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer a mis en cause le rôle de l’Etat et de l’immigration dans ce drame. Le président du Rassemblement national Jordan Bardella a lui évoqué «une sauvagerie qui bouleverse des vies et en brise d’autres» et mis en cause des «criminels de cité». Marion Maréchal, tête de liste Reconquête aux élections européennes, a pour sa part évoqué sur X (ex-Twitter) une «chasse aux Gaulois».

Côté médias, le journal Le Monde n’a pas traité de l’affaire et Libération n’a produit qu’un article le 19 novembre. Sur BFMTV, l’animateur Laurent Ruquier s’est lui attiré les foudres d’Eric Zemmour pour avoir proposé, lors de son émission, un bandeau sur lequel était inscrit «Crépol, du pain bénit pour l’extrême droite ?». La gauche de l’échiquier politique ne s’est pas prononcée sur ce drame. Interrogé sur LCI à ce sujet, le député Eric Coquerel a tenu à relativiser la mort du jeune Thomas : «Malheureusement, des rixes de ce type arrivent. Il faut voir si c’est en aggravation, je ne crois pas en termes de fréquence.»

Des auteurs recherchés

La bande de jeunes agresseurs seraient en partie issue d’une cité de la ville de Romans-sur-Isère, voisine de 18 kilomètres. Les raisons précises de l’attaque ne sont pas encore connues. Le procureur de la République de Valence Laurent de Caigny a déclaré à l’AFP que «de très nombreuses analyses de connexions aux relais téléphoniques sont en cours, portant sur le recoupement de plusieurs dizaines de milliers d’activations».

Les gendarmes ont, eux, procédé à plus d’une cinquantaine d’auditions de témoins et poursuivaient ce travail ce 21 novembre. Les photographies d’agresseurs, qui circulent sur les réseaux sociaux, ont permis de cibler plusieurs suspects. Le procureur relativise cependant, toujours auprès de l’AFP, la «logique de territoire» qui pourrait exister derrière cette attaque. En outre, le magistrat affirme qu’il serait faux «d’affirmer que le groupe hostile serait composé d’individus tous originaires de la même ville et du même quartier». Une enquête a cependant été ouverte pour «homicide et tentative d’homicide en bande organisée» et confiée à la gendarmerie.

La famille a organisé une marche blanche, prévue le 22 novembre à Romans-sur-Isère.

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