Dans la foulée de l'intervention de Zelensky devant le Parlement, Lesia Vasylenko a lancé un appel à boycotter les entreprises française qui n'ont pas quitté la Russie, recommandant aux Français d'arrêter d'acheter leurs produits.
Lesia Vasylenko, députée ukrainienne d’opposition a appelé le 24 mars sur France Info au boycott des entreprises françaises qui continuent à mener leur activité en Russie, jugeant les condamnations morales insuffisantes. Selon l’élue, qui vise plus particulièrement Auchan, Metro, Leroy Merlin, Danone et Nestlé, ces entreprises «font de l’argent» sur «la vie des enfants ukrainiens». «Chaque Français peut faire quelque chose pour aider un Ukrainien et c’est très facile», a assuré Lesia Vasylenko, estimant qu’il suffisait d’«arrêter d’acheter les produits de ces compagnies».
«Arrêtez de faire des courses à Auchan […] Arrêtez d’aller à Leroy Merlin», a-t-elle lancé, ajoutant qu’il existait «plein d’autres magasins qui donnent les mêmes sortes de produits». Outre les aspects pratiques pour le consommateur, le boycott n’est cependant pas sans poser quelques problèmes juridiques : dans le cas de la campagne de boycott des produits israéliens, Libération avait rappelé que la loi punissait la provocation à la discrimination, ainsi que l’entrave à l’exercice d’une activité économique, bien que la jurisprudence ait pu varier au fil du temps.
L’appel de la députée fait suite à l’intervention – à distance – du président ukrainien Volodymyr Zelensky devant le Parlement français le 23 mars : il a saisi cette occasion pour demander à ce que les entreprises françaises quittent la Russie, afin de cesser de soutenir «la machine de guerre russe». Cet appel divise à la fois les dirigeants d’entreprise et la classe politique française : si Renault a décidé de suspendre ses activités, Adeo, la holding de Leroy Merlin, a avancé qu’une fermeture serait considérée comme une «faillite préméditée» ouvrant la voie à une possible expropriation en Russie. Auchan, dont les supermarchés sur place représentent 10% de son activité mondiale, n’a pas souhaité faire de commentaires après le discours du président ukrainien.
Anne Hidalgo et Yannick Jadot se sont prononcés en faveur d’une suspension complète des activités des entreprises françaises présentes en Russie, tandis que Xavier Bertrand, pour les Républicains, a mis en garde contre les retombées de telles décisions, évoquant le risque de voir les sociétés en cause expropriées et remplacées par des concurrents étrangers. Pour le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, quitter le marché russe permettrait peut-être de «se donner bonne conscience», mais «pénaliserait nos entreprises», sans nuire réellement à Vladimir Poutine. La candidate du RN, Marine Le Pen, s’est quant à elle dite «prête à trouver beaucoup de solutions pour faire plier la Russie», mais «pas au prix de faire hara kiri l’économie française et le pouvoir d’achat des Français».
Pour le patron de Deutsche Bank, quitter la Russie n’est pas «pratique»