La Finlande a décidé de demander son adhésion à l'OTAN, ont annoncé ce 15 mai le président et le Premier ministre du pays. «Une nouvelle ère s'ouvre», a estimé le chef d'Etat finlandais. La veille, le Kremlin avait qualifié cette démarche d'«erreur».
Le chef de l’Etat et un conseil gouvernemental «ont conjointement décidé que la Finlande allait demander à devenir membre de l’OTAN», a déclaré ce 15 mai le président finlandais Sauli Niinistö. «C’est un jour historique. Une nouvelle ère s’ouvre», a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse.
Le Parlement finlandais doit examiner le 16 mai le projet d’adhésion, avec un vote prévu ensuite, selon le président de la chambre. Avec le soutien acquis du parti social-démocrate du Premier ministre Sanna Marin, le vote devrait se traduire par un score fleuve parmi les 200 parlementaires finlandais. «Nous espérons que le Parlement confirmera la décision de candidature à l’OTAN durant les prochains jours. Elle sera basée sur un mandat clair», a affirmé Sanna Marin.
Le 14 mai, le président finlandais avait appelé son homologue russe pour l’informer de la demande d’adhésion imminente de son pays, que Moscou considère comme une menace à ses frontières. «L’abandon de la politique traditionnelle de neutralité militaire serait une erreur car il n’existe aucune menace pour la sécurité de la Finlande», lui avait fait savoir Vladimir Poutine, selon un communiqué du Kremlin publié après l’entretien téléphonique entre les deux chefs d’Etat.
«L’élargissement de l’OTAN et le rapprochement de l’Alliance de nos frontières ne rend pas le monde et notre continent plus stable et plus sûr», avait déjà commenté quelques jours plus tôt le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, en réaction à la potentielle demande d’adhésion de la Finlande à l’organisation politico-militaire atlantiste.
Le haut responsable russe avait souligné qu’une telle initiative constituerait «une violation directe des obligations juridiques internationales de la Finlande» en vertu du traité de paix de Paris de 1947 qui prévoit l’obligation pour les parties de ne pas conclure d’alliances ou de participer à des coalitions contre l’une d’entre elles, ainsi que de l’accord de 1992 entre Moscou et Helsinki.
Russe pendant plus d’un siècle – principalement lors de la période du grand-duché qui s’est étendu de 1809 à 1917 –, et en conflit avec l’Union soviétique, notamment lors de la «guerre d’Hiver» en 1939-40, la Finlande partage aujourd’hui 1 300 kilomètres de frontières avec la Russie. Soumise à une forme de neutralité durant la Guerre froide, Helsinki avait adhéré à l’Union européenne et au Partenariat pour la Paix de l’OTAN après la chute de l’Union soviétique, mais était restée non membre de l’alliance.
Mais l’opération militaire russe en Ukraine a changé la donne : 76% de la population serait désormais en faveur de l’adhésion, selon un sondage publié le 9 mai. Une très large majorité des 200 députés au Parlement est acquise à l’idée, avec des opposants tombés autour d’une dizaine, et la plupart des partis y sont désormais favorables.
«Une erreur» : Vladimir Poutine réagit à la potentielle adhésion de la Finlande à l’OTAN