Venant s'ajouter à d'autres dossiers, l'affaire de corruption présumée concernant les approvisionnements de l'armée a conduit plusieurs hauts responsables gouvernementaux, dont un conseiller proche de Volodymyr Zelensky, à présenter leur démission.
Plusieurs hauts responsables ukrainiens ont annoncé leur démission le 24 janvier, dans la foulée d’une affaire de corruption présumée autour des approvisionnements de l’armée, révélée par le journaliste Iouri Nikolov pour le média ZN.UA.
Parmi les responsables dont les départs ont été aussitôt acceptés figurent le vice-ministre de la Défense Viatcheslav Chapovalov, qui était en charge de l’appui logistique des forces armées, le chef adjoint de l’administration présidentielle Kyrylo Tymochenko et le procureur général adjoint Oleksiï Symonenko.
Evoquant des accusations «infondées», le ministère ukrainien de la Défense a assuré dans un communiqué que le départ de Viatcheslav Chapovalov permettrait «de préserver la confiance de la société et des partenaires internationaux ainsi que d’assurer l’objectivité» des efforts pour faire la lumière sur cette affaire.
Dans son article, le journaliste Iouri Nikolov avait estimé que «le ministère de la Défense d’Oleksii Reznikov devrait présenter ses excuses», et avait accusé le ministre de nourrir un «grand appétit pour les détournements de fonds» qui a été, d’après le journaliste, renforcé par le conflit avec la Russie.
Ces annonces surviennent après que les autorités ont limogé, le 22 janvier, un vice-ministre des Infrastructures ukrainien Vasyl Lozynkiï, soupçonné d’avoir reçu un pot de vin de 400 000 dollars pour «faciliter» l’achat de générateurs à des prix gonflés alors que le pays est confronté à de vastes coupures d’électricité suite aux frappes russes contre des infrastructures énergétiques. Ledit Vasyl Lozynkiï avait été arrêté la veille par le Bureau national ukrainien de lutte contre la corruption (NABU).
Des scandales en série
Le nom de Kyrylo Tymochenko, l’un des rares collaborateurs du président en place depuis l’élection de Volodymyr Zelensky en 2019 et qui supervisait notamment des projets de reconstruction des installations endommagées par des frappes russes lors du conflit, a pour sa part figuré dans plusieurs scandales en Ukraine, y compris avant le déclenchement de l’offensive russe. En octobre, il a notamment été accusé d’utiliser pour son usage personnel un tout-terrain donné à l’Ukraine par le groupe General Motors à des fins humanitaires. Après ces révélations, Kyrylo Tymochenko a annoncé transférer le véhicule vers une zone proche de la ligne de front.
Oleksii Symonenko a été quant à lui accusé par le média ukrainien Ukraïnska Pravda d’être récemment parti en vacances en Espagne alors que les déplacements à l’étranger – sauf à des fins professionnelles – sont normalement interdits pour les hommes ukrainiens en âge de combattre. Selon le média, il serait parti dans une voiture appartenant à un homme d’affaire ukrainiens, en compagnie d’un garde du corps de celui-ci.
Le président Volodymyr Zelensky avait annoncé dans la soirée du 23 janvier qu’une série de responsables ukrainiens allaient quitter leur poste, deux jours après les révélations de Iouri Nikolov selon lesquelles la défense ukrainienne aurait artificiellement gonflé les prix de certaines denrées alimentaires destinées aux soldats. Le ministère ukrainien de la Défense a fermement démenti toute fraude et rejeté les accusations de corruption, fustigeant de «fausses» informations visant, selon lui à «manipuler de façon délibérée», portant ainsi atteinte «aux intérêts de la défense pendant une période particulière».
Dans un rapport publié en septembre 2021, la Cour des comptes européenne notait que «la grande corruption et la “captation de l’Etat” minent l’Ukraine depuis de nombreuses années», alors que l’Union européenne a déversé depuis 2014, et encore plus depuis le lancement de l’opération militaire russe, des milliards d’euros dans le pays.
70% des armes occidentales envoyées en Ukraine n’atteignent-elles jamais la ligne de front ?