Les présidents égyptien Abdel Fattah al-Sissi et turc Recep Tayyip Erdogan ont échangé pour la première fois une poignée de main lors de l'ouverture de la Coupe du monde au Qatar. Un geste qui présage d'un réchauffement diplomatique ?
Les présidents turc Recep Tayyip Erdogan et égyptien Abdel Fattah al-Sissi ont échangé ce 20 novembre leur première poignée de main en marge de l’ouverture de la Coupe du monde de football, au Qatar, selon la présidence turque. Un responsable de cette dernière a confirmé dans la soirée à l’AFP ce «premier contact bilatéral» entre les deux dirigeants, lors de la cérémonie d’ouverture du championnat.
La Libye, pomme de discorde
Un cliché, posté sur le site officiel de la présidence, montre les deux dirigeants échangeant une poignée de main en souriant. La photo figure parmi d’autres montrant les échanges souriants entre Recep Tayyip Erdogan et les chefs d’Etat et de gouvernement présents pour assister aux festivités au Qatar.
Le Caire et Ankara sont en froid depuis l’arrivée au pouvoir d’Abdel Fattah al-Sissi en 2013, après le renversement du président issu des Frères musulmans, Mohamed Morsi. Recep Tayyip Erdogan avait ensuite affirmé que Mohamed Morsi, qui s’était effondré soudainement en plein procès au Caire en juin 2019, «avait été tué».
«Jamais je ne m’entretiendrai avec quelqu’un comme lui», avait-il également asséné quelques mois auparavant, après l’exécution de neuf condamnés à mort en Egypte pour l’assassinat du procureur général Hicham Barakat en 2016. Le Caire avait accusé des membres des Frères musulmans exilés en Turquie et le Hamas palestinien d’être derrière l’attentat.
Les deux dirigeants se sont par ailleurs opposés sur de nombreux dossiers, notamment sur la question Libyenne. En octobre dernier, en compagnie de la Grèce, l’Egypte a dénoncé les prospections d’hydrocarbures menées par la Turquie dans les eaux libyennes en vertu d’un accord avec le gouvernement de Tripoli qu’elles jugent «illégal». En 2020, dans un contexte d’affrontement entre les deux gouvernements rivaux en Libye, l’Egypte avait même pris des dispositions en vue d’une éventuelle intervention militaire dans le pays aux côtés des forces du maréchal Haftar contre legouvernement d’entente nationale (GEN) – remplacé en mars 2021 par le gouvernement d’unité nationale (GNU), soutenu par la Turquie.
Changement de braquet ?
Cependant, lors d’un échange avec la presse turque la semaine dernière, de retour du sommet du G20 en Indonésie, le président turc avait laissé entendre qu’il était prêt à revoir ses relations avec la Syrie et l’Egypte.
Nous pouvons même repartir de zéro, surtout après les élections de juin
«Nous pouvons reconsidérer les relations avec des pays avec lesquels nous avons eu des difficultés. Nous pouvons même repartir de zéro, surtout après les élections de juin», avait-il indiqué en réponse à une question, selon l’agence officielle Anadolu. Le président Erdogan a annoncé qu’il serait candidat à sa propre succession lors du scrutin présidentiel prévu en juin 2023. Au Caire, la présidence égyptienne s’est abstenue de tout commentaire.
En 2019, le président syrien Bachar al-Assad avait déclaré à une télévision italienne qu’il se sentirait «dégoûté de traiter avec ce genre d’islamistes opportunistes», en parlant du président turc. Il avait cependant assuré qu’il était prêt à faire cet effort pour l’intérêt de son pays, si nécessaire.
Le maréchal al-Sissi à Doha, l’Egypte entérine sa réconciliation avec le Qatar