Lors d'une conférence dédiée au futur de l'UE, la présidente de la Commission et le président français ont défendu une révision des traités qui reviendrait sur la règle de l'unanimité appliquée jusqu'à présent. La moitié des Etats s'y oppose.
A l’issue de la cérémonie de clôture, le 9 mai, de la «conférence sur l’avenir de l’Europe» – consultation citoyenne initiée par la France – la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a défendu, dans un discours devant le Parlement, une modification des traités de l’UE «si nécessaire» et l’abandon du vote à l’unanimité des 27 pays membres dans des domaines clés. Emmanuel Macron a quant à lui évoqué la perspective d’une «communauté politique européenne», qui permettrait notamment d’accueillir l’Ukraine. Les propositions des deux dirigeants ont suscité une levée de boucliers d’une partie des Etats membres.
Selon Ursula von der Leyen, «l’Europe devrait jouer un rôle plus important, par exemple dans le domaine de la santé ou de la défense». Evoquant la nécessité d’«améliorer en permanence le fonctionnement de notre démocratie», la présidente de la Commission a insisté sur la remise en cause du vote à l’unanimité «dans certains domaines clés», jugeant que le mécanisme «n’a tout simplement plus de sens». Il s’agirait d’un changement considérable pour le fonctionnement de l’UE, dans la mesure où l’unanimité des Etats membres a toujours été nécessaire sur un certain nombre de sujets entraînant parfois des blocages.
De concert avec Ursula von der Leyen, Emmanuel Macron s’est dit favorable à une «révision des traités» de l’Union européenne, en proposant que les dirigeants des 27 en discutent au sommet prévu en juin 2022. «Il faudra réformer nos textes, c’est évident», a-t-il affirmé, évoquant «la convocation d’une convention de révision des traités», à l’unisson de la proposition du Parlement européen.
Un nouveau pas vers une Europe fédérale ? La moitié des Etats membres dénonce des tentatives «prématurées» et «inconsidérées»
Au-delà de cette évolution institutionnelle, le président français a appelé à la création d’une «communauté politique européenne» pour accueillir notamment l’Ukraine. Celle-ci, qualifiée, de «membre de cœur de notre union», pourrait ainsi rejoindre la nouvelle communauté en parallèle d’une procédure d’adhésion à l’UE qui prendrait «des décennies», selon les mots du président français. «Cette organisation européenne nouvelle permettrait aux nations européennes démocratiques adhérant à notre socle de valeurs, de trouver un nouvel espace de coopération politique, de sécurité, de coopération», a développé Emmanuel Macron, traçant la perspective d’un nouveau transfert de souveraineté des Etats nations vers l’échelon européen.
13 des 27 pays de l’UE ont exprimé leur opposition au lancement d’une procédure visant à changer les traités de l’UE : «Nous ne sommes pas en faveur de tentatives inconsidérées et prématurées», ont écrit ces pays dans un texte diffusé le 9 mai sur Twitter, à savoir la Suède, la Pologne, la Roumanie, la Finlande, le Danemark, Malte, la République tchèque, la Slovénie, la Bulgarie, la Croatie et les trois pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie).
Le groupe des opposants aux changements défendus par Ursula von der Leyen et Emmanuel Macron pointe le risque d’une «perte d’énergie» et estime qu’une révision des traités «n’a jamais été un objectif» de la conférence sur l’avenir de l’Europe. «Nous avons déjà une Europe qui fonctionne», argumentent-ils, en citant à l’appui de leur thèse la lutte contre la pandémie de Covid-19 et la réponse à l’offensive russe en Ukraine. «Nous ne devons pas nous précipiter pour faire des réformes institutionnelles», mettent-ils en garde, critiquant une instrumentalisation des propositions portées par les citoyens auprès du Parlement. Dans son discours, Emmanuel Macron a reconnu qu’il existait des «divergences» au sein de l’UE sur cette évolution d’importance.
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