Poignardée au sein du CHU de Reims par un déséquilibré, Carène a succombé à ses blessures ce 23 mai. La classe politique lui rend un vibrant hommage. Un drame qui s’inscrit dans le contexte de la hausse continue des violences en France.
Emotion et soutien du personnel politique après la mort de Carène, 38 ans, ce 23 mai. L’infirmière avait été attaquée au couteau la veille au sein du centre hospitalo-universitaire (CHU) de Reims. Autre victime du même individu, une secrétaire médicale de 56 ans a été hospitalisée sans que son pronostic vital ne soit engagé.
Ce décès violent est «l’un des drames les plus intenses qui puissent toucher notre nation», a souligné ce 23 mai Olivier Véran, porte-parole du gouvernement. François Braun avait annoncé dans un tweet le matin même la mort de l’infirmière. «Mes pensées vont à ses proches, à ses collègues, ainsi qu’à toutes les équipes de l’hôpital endeuillées ce matin», ajoutait le ministre de la Santé.
Ce sont en quelques jours plusieurs de nos agents publics qui sont morts au service de nos concitoyens
Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, a pour sa part réagi sur Twitter : «Le drame du CHU de Reims touche la Nation tout entière», s’est-elle émue. «Ce sont en quelques jours plusieurs de nos agents publics qui sont morts au service de nos concitoyens», a souligné de son côté Elisabeth Borne, en associant à l’infirmière de Reims les trois policiers de Roubaix tués le 21 mai dans une collision et l’agent de la Direction interdépartementale des routes Atlantique (Dira) fauché par une voiture le lendemain en Charente-Maritime.
«A leurs familles, à leurs proches et à tous leurs collègues, je veux dire l’immense peine qui est la mienne et celle de mon gouvernement et les assurer de la reconnaissance de la Nation», a ajouté la Première ministre.
Un «terrifiant meurtre»
Interrogé ce 23 mai par RMC-BFMTV, Eric Ciotti a fait part de son «émotion» face à ce «terrifiant meurtre». Le président des Républicains (LR) a cependant tenu à aller plus loin, proposant «un grand plan psychiatrie» pour redresser un secteur qui a subi un «effondrement cruel des moyens, des lits affectés».
En effet, selon les premiers éléments de l’enquête communiqués par Matthieu Bourrette, procureur de la République de Reims, l’assassin présumé, âgé de 59 ans, «semble avoir agi sans mobile apparent, d’autant qu’il n’avait pas de rendez-vous dans ce service, et n’était pas suivi au sein de ce service». Il «semble souffrir de troubles sévères et fait l’objet depuis plusieurs années d’une mesure de curatelle renforcée», précise le communiqué du magistrat, ajoutant que le suspect avait bénéficié en juin 2022 d’un non-lieu «pour irresponsabilité pénale» après avoir été «mis en examen à Châlons-en-Champagne pour des faits de violences aggravées». Les faits ont été requalifiés en «assassinat» et «tentative d’assassinat» concernant la secrétaire médicale blessée, précise encore Matthieu Bourrette.
L’événement marque d’autant plus l’opinion publique qu’il est loin d’être isolé.
120 attaques au couteau par jour
A l’hôpital tout d’abord, comme le souligne la Fédération hospitalière de France (FHF) dans un communiqué selon lequel cette agression» s’inscrit «dans un contexte plus général marqué, ces dernières années, par plusieurs faits de violence physique ou verbale dans les hôpitaux publics». De fait, l’ordre des médecins recensait en 2022 plus de 1 200 incidents déclarés, soit une hausse de 23% en un an. «Je réunirai avant la fin de la semaine un comité avec toutes les parties prenantes, les syndicats, les professionnels» pour «voir ce que l’on peut faire pour garantir encore plus de sécurité pour les soignants», avait d’ailleurs annoncé le ministre de la Santé le jour même de l’agression.
Le décès brutal de Carène s’inscrit de plus dans un contexte de montée générale de la violence en France. En 2020, l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) dénombrait 120 attaques au couteau par jour. Pour 2019, le chiffre s’élevait à 114. Relevons aussi que le ministère de l’Intérieur dénombrait 306 700 agressions physiques (y compris intrafamiales) en 2021, en hausse de 31% depuis 2017. La même année, le nombre d’homicides s’élevait à 842, plaçant la France largement en tête des pays européens pour cet indicateur. A titre de comparaison, en 2020, l’Allemagne déplorait 719 homicides, contre 298 en Espagne et 285 en Italie.
Violences en France : faits isolés ou phénomène structurel ? (ENTRETIENS)