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2,6 milliards d’euros en deux ans : Sébastien Lecornu détaille l’aide militaire de la France à l’Ukraine

La France a livré à Kiev un total de 2,6 milliards d'euros d'équipements militaires depuis 2022, a affirmé ce 4 mars le ministre français des Armées Sébastien Lecornu, alors que Paris est régulièrement accusé par ses alliés d'en faire moins que d'autres. La Russie, elle, dénonce l'implication croissante de Paris en Ukraine.

Un technicien de l’entreprise allemande Rheinmetall travaille sur des obus de 120 mm pour les chars Leopard, à Unterluess, dans le nord de l’Allemagne, le 6 juin 2023 (photo d’illustration).

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Sébastien Lecornu a voulu se justifier. Sur X (ex-Twitter) ce 4 mars, à l’aide d’un infographie évidemment jaune et bleue, le ministre français de la Défense a indiqué que Paris avait livré pour 2,6 milliards d’équipements militaires à Kiev.

Sébastien Lecornu liste de surcroît une nouvelle fois les armements – deux systèmes anti-aériens Crotale, cinq postes de tirs Mistral, 160 drones de reconnaissance –, tout en précisant que le nombre de missiles Mistral, Aster ou Scalp reste «une donnée confidentielle». Le Monde estime à une centaine le nombre de missiles Scalp.

Selon le Kiel Institute, qui place la France à la 16e place de son classement, l’État français a promis 640 millions d’aide militaire, contre 17,7 milliards d’euros côté allemand. L’organisme de recherche allemand note que «l’Italie, la France et la Pologne ne sont pas très transparents dans leur aide à l’Ukraine». «Nous sous-estimons probablement le total des allocations», ajoute-t-il.

Les données de ce classement ont été arrêtées au 15 janvier, soit avant les dernières annonces françaises. Dans un accord de sécurité signé avec l’Ukraine le 16 février à Paris, la France s’est en outre engagée à fournir en 2024 «jusqu’à 3 milliards d’euros» d’aide militaire «supplémentaire» à Kiev.

La France contrainte à la transparence

Le gouvernement français s’est longtemps refusé à publier une liste précise des équipements et leur valeur, mais semble y avoir été contraint. Mi-janvier, le Financial Times révélait que Bruxelles avait lancé un audit sur les quantités d’armements que les États membres avaient fourni à Kiev. Ce contrôle faisait suite aux récriminations de Berlin, estimant que certains pays auraient les moyens d’en faire plus. Notamment la France et l’Italie. 

Depuis, Emmanuel Macron a annoncé la livraison de 40 missiles Scalp supplémentaires et déclaré le 26 février au soir ne pas vouloir écarter l’idée d’un envoi de troupes en Ukraine.

De son côté, Moscou a dénoncé l’implication croissante de Paris en Ukraine. 

Excès de zèle français ?

Selon le ministre des Armées, outre les 2,615 milliards d’euros d’équipements livrés et les 3 milliards maximum promis en 2024, la France contribue à hauteur de 1,2 milliard d’euros à la Facilité européenne pour la paix (FEP), créée par Bruxelles pour financer des fournitures d’armes à l’Ukraine et des missions à l’étranger.

Paris reproche au Kiel Institute de ne pas tenir compte de cet apport dans son classement, ni de valoriser le fait que la France livre des «capacités complètes», c’est-à-dire des équipements avec leurs munitions, entretien et formation.

«La France a fait le choix de l’efficacité opérationnelle pour son aide militaire à l’Ukraine : promettre ce qu’on peut livrer, livrer ce qu’on peut promettre», s’est défendu Sébastien Lecornu sur X, faisant allusion à des promesses non tenues ou des livraisons de matériel défectueux par d’autres partenaires de l’Ukraine.

Le ministre ukrainien de la Défense Roustem Oumerov avait déploré fin février que la moitié des armes occidentales promises à Kiev étaient livrées avec du retard.

«À l’heure actuelle, un engagement n’est pas synonyme de livraison, 50% de [ces] engagements ne sont pas livrés dans les temps», avait-il déclaré.

Pour le ministre français, le Kiel Institute met en outre sur le même plan des armements différents, par exemple les missiles longues portées comme les Scalp/Storm Shadow livrés par la France, et ceux de courtes portées fournis par Berlin qui refuse à ce jour de fournir à l’Ukraine des Taurus (longue portée) capables de changer la donne sur le terrain.

Les tensions semblent s’accroître entre les alliés européens de Kiev. La révélation le 1er mars par Margarita Simonian d’une discussion entre des officiers supérieurs allemands sur une attaque du pont de Crimée avec des missiles Taurus a plongé Berlin dans l’embarras, les militaires ayant évoqué des détails sur les livraisons et l’emploi de missiles de longue portée Scalp fournis depuis l’an dernier par la France et la Grande-Bretagne à l’Ukraine.

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