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En réponse à l’attentat d’Istanbul, la Turquie frappe le nord de l’Irak et de la Syrie

La Turquie a lancé dans la nuit du 20 novembre une opération aérienne dans le nord de l'Irak et de la Syrie visant plusieurs régions sous contrôle des forces kurdes syriennes et du PKK, accusés par Ankara du récent attentat à Istanbul.

Baptisée «Griffe épée», la nouvelle opération militaire lancée par Ankara dans la nuit du 20 novembre vise à «éliminer les attaques terroristes du nord de l’Irak et de la Syrie, assurer la sécurité des frontières et éliminer le terrorisme à sa source», a affirmé le ministère turc de la Défense dans un communiqué.

«L’heure des comptes a sonné !», a-t-il lancé dans la nuit sur Twitter, avant de poursuivre : «Les salauds devront rendre des comptes pour leurs attaques perfides.»

Les autorités turques accusent le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et les Forces démocratiques syriennes (FDS) d’être derrière le récent attentat qui a secoué Istanbul. Le 13 novembre, sur une artère commerçante de l’ancienne capitale ottomane, l’explosion d’une bombe a tué six personnes et en a blessé plus de 80 autres. Soutenues par Washington, les deux organisations kurdes avaient rejeté les accusations et nié toute implication dans l’attentat.

Plusieurs militaires syriens tués 

L’armée turque a effectué près de 25 frappes aériennes dans les provinces syriennes de Raqa et Hassaké (nord-est) et d’Alep (nord), faisant au moins neuf morts dans les rangs des forces kurdes. De son côté, citant une source militaire, l’agence de presse syrienne SANA a rapporté ce 20 novembre qu’un «certain nombre de militaires [syriens] sont tombés en martyr, à la suite d’une attaque menée ce matin par les forces d’occupation turques contre des zones sûres et des positions militaires dans les deux banlieues d’Hassaké et d’Alep».

Un avion de chasse de l'armée de l'air turque (image d'illustration).

Une offensive aérienne turque aurait causé la mort de trois soldats syriens dans la province d’Alep

Selon l’AFP, les frappes ont visé principalement la ville de Kobané (nord) et ses environs, près de la frontière turque, notamment des silos à grains près d’Al-Malikiyah (nord-est) et une centrale électrique au sud de cette province, située dans des zones sous le contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS, coalition armée dominée par les Kurdes).

Elles ont complètement détruit la quatrième centrale électrique de Taql Bakl, près d’Al-Malikiyah dans le sud de la province d’Hassaké, a rapporté un photographe de l’AFP, qui a vu des cadavres ce 20 novembre au matin, près d’une voiture sur place, et de grands trous dans le sol. Selon un habitant de la région, l’aviation turque a bombardé à plusieurs reprises la centrale. «Nous nous employions à sauver les blessés et récupérer les corps lorsque l’avion a de nouveau bombardé, alors nous avons fui», témoigne-t-il auprès de l’agence de presse.

«Kobané, la ville qui a défait l’Etat islamique, est la cible de bombardements par l’aviation de l’occupation turque», a annoncé Farhad Shami, un porte-parole des FDS, qui avait démenti tout lien avec l’attentat. Il a rapporté que deux membres des FDS avaient été tués à Al-Malikiyah, et quatre soldats syriens dans le nord d’Alep.

«Pas de victimes» en Irak

Le commandant en chef des FDS, Mazloum Abdi, a dénoncé des bombardements «agressifs et barbares». «Le bombardement turc de nos zones menace la région entière. Ce bombardement ne sert aucun parti. Nous faisons tout pour éviter une catastrophe majeure. Si la guerre éclate, tout le monde sera affecté», a-t-il tweeté.

En revanche, les frappes turques n’ont «pas fait de victimes» dans le nord de l’Irak, a affirmé un responsable du gouvernement régional du Kurdistan d’Irak à l’AFP. «Les Turcs ont visé au moins huit zones où se trouvent des bases du PKK sans faire de victime civile», a assuré ce responsable, citant les régions montagneuses de «Shingal, Rawanduz, Bradost, Qandil, Asos, Soran, Rania et Qaladzi», situées entre Erbil, la capitale du Kurdistan autonome irakien, et la frontière iranienne. Selon un porte-parole du PKK, «ces opérations ne sont pas nouvelles, elles durent sans discontinuer depuis sept mois». Toujours selon lui, «l’armée turque a effectué 3 694 bombardements sur le sol du Kurdistan d’Irak» pendant cette période.

Au lendemain de l’attentat commis dans une rue très commerçante et fréquentée d’Istanbul, les autorités turques ont accusé une jeune femme, présentée comme de nationalité syrienne, d’avoir posé la bombe. Selon le ministre turc de l’Intérieur Suleyman Soylu, «l’ordre de l’attentat a été donné de Kobané», ville contrôlée par les forces kurdes.

Le département d’Etat américain avait annoncé le 18 novembre craindre «une éventuelle action militaire de la Turquie», en déconseillant à ses ressortissants de se rendre dans le nord de la Syrie et de l’Irak. La Turquie, dont les soldats sont présents dans des zones du nord de la Syrie, menace depuis mai de lancer une offensive d’envergure contre les FDS, qu’elle considère comme «terroristes». Ankara dit vouloir créer une «zone de sécurité» de 30 kilomètres de largeur à sa frontière sud.

Attentat d’Istanbul : Ankara accuse le PKK et «rejette» les condoléances de Washington

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