Absent à la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE en Ukraine, «malade» selon Kiev, le chef de la diplomatie polonaise a pourtant été interrogé à la télévision le 2 octobre. Les relations entre les deux voisins restent tendues.
Alors que Kiev et Varsovie ont annoncé ce 3 octobre être parvenus à un accord sur «une question importante» concernant le transit des céréales, qui déchire les deux pays voisins depuis plusieurs semaines, l’exécutif polonais semble toujours mal digérer les déclarations de Volodymyr Zelensky à l’Assemblée générale de l’ONU.
Une prestation qui «a ébranlé la confiance de notre société dans la politique actuelle du gouvernement ukrainien à l’égard de la Pologne», a déclaré le 2 octobre le ministre polonais des Affaires étrangères Zbigniew Rau, lors d’une interview à la chaîne Polsat.
«Mon absence là-bas est en partie l’expression [d’une période de déclin économique]»
Le ministre polonais était de surcroît interrogé sur son absence à la réunion convoquée à Kiev, le jour même, par le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. «Il y a plusieurs raisons à cela, notamment des raisons de santé», a-t-il concédé, avant d’ajouter : «Mais surtout, cela résulte du fait qu’en politique, y compris bilatérale, entre différents pays, nous avons des périodes d’expansion et de récession économique», a répondu le ministre. Et de lâcher: «Actuellement, en ce qui concerne les relations entre la Pologne et l’Ukraine, nous entrons dans une période de déclin économique, mon absence là-bas en est en partie l’expression.»
Selon le diplomate, il est «absolument essentiel», en démocratie, que la politique étrangère doive «bénéficier du soutien de la société» pour être «menée de manière durable et stable». Zbigniew Rau a toutefois réfuté l’emploi du terme de «représailles» pour qualifier son absence et assuré que la Pologne était représentée à un niveau suffisant à cette réunion européenne, par son sous-secrétaire d’État Wojciech Gerwel et «trois autres vice-ministres».
Lors de son discours devant les Nations unies le 19 septembre, le président ukrainien avait provoqué l’ire de Varsovie en accusant «certains» de ses «amis européens» de «feindre» la solidarité et de «préparer le terrain» de Vladimir Poutine, en imposant des embargos sur les céréales ukrainiennes. Suite à ce discours, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki avait mis en garde Volodymyr Zelensky «de ne plus jamais insulter les Polonais». Ceux-ci «ne le permettront jamais», avait-il ajouté.
La relation de Kiev avec Budapest est elle aussi houleuse
Cette saillie présidentielle à la tribune de l’ONU intervenait dans la foulée d’une plainte déposée par l’Ukraine à l’OMC contre la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie qui ont décidé de prolonger leurs restrictions d’importations sur les céréales ukrainiennes afin de protéger leurs producteurs, confrontés à l’afflux massif des denrées agricoles ukrainiennes.
Le chef de la diplomatie polonaise n’était pas le seul à ne pas avoir fait le déplacement à Kiev pour cette réunion «historique» annoncée le matin même par Josep Borrell. Autre absence remarquée, celle du ministre hongrois Peter Szijjarto. Tout comme Varsovie, les relations que Budapest entretient avec Kiev se sont dégradées, sur fond d’exigences ukrainiennes, la Hongrie ayant conservé des liens avec la Russie. L’ajout en mai dernier par les autorités ukrainiennes d’OTP, première banque hongroise, à sa liste des «sponsors internationaux de la guerre» a marqué un tournant. La Hongrie a depuis opposé son veto au dernier paquet européen de 500 millions d’euros d’aide militaire. Le 29 septembre, les autorités ukrainiennes ont annoncé avoir temporairement retiré OTP de leur fameuse liste, disant espérer que cette décision permettrait à la Hongrie de débloquer cette «aide militaire vitale de l’UE».
Les absences des diplomates letton et suédois sont, en revanche, passées plus inaperçues. Tobias Billström, chef de la diplomatie suédoise, n’a ainsi pas pu participer à la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Kiev car il avait «oublié son passeport», selon Die Presse. Le ministre «a donc dû renoncer au voyage en train de huit heures jusqu’à Kiev», relate le quotidien autrichien.
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