Ce 12 janvier, la CIJ tient des audiences publiques sur la demande de mesures conservatoires pour protéger les habitants de la bande de Gaza présentée par l'Afrique du Sud, qui a déposé une plainte contre Israël.
Israël a qualifié de «totalement dénaturées» les accusations de génocide portées à son encontre devant la plus haute juridiction de l’ONU et affirmé qu’elles ne reflétaient pas les réalités du conflit dans la bande de Gaza.
L’Afrique du Sud a «malheureusement présenté à la Cour un tableau factuel et juridique totalement dénaturé», a déclaré Tal Becker, l’un des principaux avocats d’Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye.
«L’intégralité de son argumentation repose sur une description délibérément organisée, décontextualisée et manipulatrice de la réalité des hostilités actuelles», a-t-il ajouté.
L’Afrique du Sud a saisi le mois dernier en urgence la Cour internationale de justice (CIJ), arguant qu’Israël violait la Convention des Nations unies sur le génocide, signée en 1948 à la suite de l’Holocauste.
Pretoria souhaite que les juges enjoignent à Israël d’arrêter «immédiatement» la campagne militaire lancée à Gaza.
En représailles de l’attaque du Hamas qui a fait 1 140 morts en Israël le 7 octobre, l’État hébreu a juré d’«anéantir» le Hamas au pouvoir à Gaza et lancé une offensive dans ce territoire palestinien qui a fait au moins 23 469 morts, en majorité des femmes, des adolescents et des enfants, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
S’agissant d’une procédure d’urgence, la CIJ pourrait se prononcer d’ici à quelques semaines. Ses décisions sont sans appel et juridiquement contraignantes, mais elle n’a aucun pouvoir pour les faire appliquer. Elle a par exemple ordonné à la Russie de suspendre son offensive en Ukraine.
«Les génocides ne sont jamais déclarés à l’avance»
En revanche, la cour ne se prononcera pas encore sur le fond de l’affaire – à savoir si Israël commet effectivement un génocide – mais seulement sur la question de savoir si les droits fondamentaux des habitants de Gaza sont actuellement menacés.
L’Afrique du Sud peut poursuivre Israël devant la CIJ puisque les deux pays ont signé la Convention sur le génocide.
Le ministre sud-africain de la Justice, Ronald Lamola, a déclaré le 11 janvier devant les magistrats qu’Israël avait «franchi la ligne» et violait la convention, ce que même la brutalité de l’attaque du Hamas ne peut justifier.
«Les génocides ne sont jamais déclarés à l’avance », a affirmé Adila Hassim, une avocate de l’Afrique du Sud. «Mais ce tribunal bénéficie […] de preuves qui montrent de manière incontestable un modèle de comportement et d’intention qui justifient une allégation plausible d’actes génocidaires», a-t-elle ajouté.
Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir en Afrique du Sud, soutient depuis longtemps la cause palestinienne. L’ancien président sud-africain et héros de la lutte anti-apartheid Nelson Mandela avait ainsi affirmé que la liberté de l’Afrique du Sud serait «incomplète» sans celle des Palestiniens.
Gaza : l’Afrique du Sud a déposé à la CIJ une requête accusant Israël de commettre un «génocide»