Après une semaine de calvaire, tous les otages, soit 136 personnes, qui restaient retenus par des mutins dans les prisons équatoriennes ont été libérés dans la nuit du 13 au 14 janvier, a annoncé l'administration pénitentiaire.
«Cette nuit, les protocoles de sécurité et l’action conjointe de la police et de l’armée nationale ont permis la libération de tous les otages qui étaient retenus dans différentes prisons du pays», a indiqué ce 14 janvier l’administration pénitentiaire équatorienne dans un communiqué.
«Félicitations au travail patriotique, professionnel et courageux des forces armées, de la police nationale et du SNAI (…) pour avoir obtenu la libération des gardiens et du personnel administratif détenus dans les centres de détention d’Azuay, Cañar, Esmeraldas, Cotopaxi, Tungurahua, El Oro et Loja», a réagi dans la foulée sur le réseau X (anciennement Twitter) le président Daniel Noboa.
Selon la police, ce sont 46 gardiens et un fonctionnaire qui ont été libérés de la prison de Cotopaxi (centre), 13 de la prison de Tungurahua (centre), et 15 autres de la prison d’El Oro (sud-ouest), où a été retrouvé le corps sans vie d’un fonctionnaire.
Les images diffusées par la police ont montré les gardiens, parmi lesquels de nombreuses femmes, en pleurs, épuisés et soutenus par leurs collègues peu après leur libération.
«Grâce à Dieu, nous nous en sommes tous bien sortis. Nous sommes en bonne santé. En espérant que ce sera un grand pas pour le pays sur le chemin de la paix», ont déclaré dans une autre vidéo sur les réseaux sociaux les otages libérés de Cotopaxi, brandissant un drapeau équatorien.
Depuis une semaine que durait leur détention, les otages, sous la menace des mutins armés de couteaux ou d’armes à feu, appelaient régulièrement les autorités à l’aide et à la retenue, selon les vidéos diffusées régulièrement sur les réseaux. Au moins deux d’entre eux, dont un a été pendu, ont été exécutés par les mutins, selon des images atroces.
Médiation de l’Eglise catholique
Ce sont près de 175 personnes, gardiens et fonctionnaires de l’administration pénitentiaire, qui ont été pris en otage en fin de semaine dernière. Une quarantaine d’entre eux avaient été libérés le 13 janvier dans la journée, les autorités évoquant une médiation de l’Eglise catholique.
Tout au long de ces prises d’otage, l’administration pénitentiaire (SNAI) a donné très peu de détails, les forces de sécurité affrontant les prisonniers mutins dans certains pénitenciers et négociant dans d’autres.
L’annonce de l’évasion le 7 janvier du pénitencier de Guayaquil (sud-ouest) du redouté chef du gang des Choneros Adolfo Macias, alias «Fito», a provoqué une vague de mutineries avec prises d’otages dans au moins cinq prisons, des attaques contre les forces de l’ordre et d’autres actes visant à semer la terreur. Au moins 19 personnes ont été tuées, selon le dernier bilan officiel actualisé.
Le jeune président Daniel Noboa a décrété l’état d’urgence et ordonné à l’armée de neutraliser ces bandes criminelles, désormais considérées comme «terroristes».
Plus de 22 400 militaires ont été déployés, avec des patrouilles terrestres, aériennes et maritimes. Des perquisitions et des opérations à tout va ont été menées dans les prisons, tandis qu’un couvre-feu a été imposé.
Après un vent de panique dans tout le pays provoqué par l’attaque en direct le 9 janvier des studios d’une TV publique à Guayaquil, grand port sur la côte sud-ouest et épicentre de la violence des narcos, la situation est revenue à une relative normalité.
L’activité a repris quasi normalement de jour, à Guayaquil comme à Quito, même si les Equatoriens rentrent rapidement se mettre en sécurité chez eux en fin d’après-midi.
Autrefois un havre de paix, l’Equateur est devenu ces dernières années le centre d’expédition de la cocaïne produite chez les voisins colombien et péruvien.
Les narcotrafiquants ont peu à peu imposé leur loi dans le pays, livré à la violence des bandes criminelles. Les prisons équatoriennes, surpeuplées et mises en coupe réglée par les gangs, sont notamment le théâtre régulier de massacres entre ces bandes rivales: Choneros (ceux de Chone, ville de l’ouest du pays), Tiguerones (Tigres), Lobos (Loups) et autres Aguilas (Aigles).
Daniel Noboa, 36 ans, a été élu en novembre dernier plus jeune président de l’histoire du pays sur la promesse de rétablir la sécurité.
Son prédécesseur, le conservateur Guillermo Lasso, a été confronté à plusieurs crises de violences dans les prisons et a décrété l’état d’urgence plusieurs fois, sans parvenir à reprendre le contrôle de la situation, et plus généralement à endiguer le narcotrafic, lié à la corruption, qui gangrène le pays.