Dopées par la guerre en Ukraine, les exportations d'armes américaines en direction de l'Europe ont augmenté de 35% sur une période allant de 2019-2023, donc plus large que celle du conflit, selon un rapport du Sipri. La France est également devenu le deuxième pays exportateur, dépassant la Russie.
Les importations d’armes en Europe ont quasiment doublé ces cinq dernières années, amplifiées par la guerre en Ukraine, tandis que les exportations russes ont été réduites de moitié, selon un rapport du Sipri publié le 11 mars.
L’Ukraine, qui réclame toujours davantage d’aide militaire à l’Occident, est devenue le quatrième importateur mondial d’armes (derrière l’Inde, l’Arabie saoudite et le Qatar sur la période 2019-23) et la France a remplacé la Russie en tant que deuxième exportateur mondial, derrière les États-Unis, dévoile l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.
Sur la période 2019-2023, les importations d’armes en Europe ont bondi de 94% par rapport aux cinq années précédentes, dévoile l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri). Une hausse en grande partie due à la guerre en Ukraine, explique Katarina Djokic, chercheuse au Sipri.
Les importations d’armes en Europe bondissent de 94%
Le volume des livraisons pouvant fluctuer de manière significative d’une année à l’autre, le Sipri présente des données sur des périodes de cinq ans, ce qui donne une mesure plus stable des tendances.
Depuis février 2022, au moins trente pays ont fourni de substantielles aides militaires à l’Ukraine, relève le rapport. Mais d’autres pays européens ont également augmenté leurs importations, avec une part plus importante en provenance du premier exportateur mondial d’armes, les États-Unis.
Entre 2019 et 2023, 55% des importations en Europe provenaient de ce pays, une hausse de 35% par rapport à la période 2014-2018.
Pour Katarina Djokic, cela s’explique en partie parce que la plupart des pays européens sont membres de l’OTAN et partenaires dans le développement d’équipements militaires tels que l’avion de chasse F-35.
En même temps, ce bond dans les importations d’armes en provenance des Etats-Unis reflète la précipitation avec laquelle les Européens ont agi pour acquérir au plus vite des armes, quitte à ne pas se concentrer sur le développement de nouveaux systèmes militaires.
Globalement, les exportations américaines ont augmenté de 17% sur la période observée, soit 42% du total des exportations mondiales d’armes.
La Chine et l’Inde, les deux premiers clients de la Russie
La Russie, longtemps deuxième plus grande exportatrice d’armes au monde, ne l’est plus. Le pays a vu ses exportations chuter de 53% entre 2014 et 2023. En 2019, Moscou exportait vers 31 pays. En 2023, ils ne sont plus que 12.
Selon toute vraisemblance, la Russie consomme ses propres productions sur le front.
Historiquement grand acheteur d’armes russes, Pékin a misé ces dernières années sur sa propre production. La Chine représente néanmoins encore 21% des exportations russes, tandis que l’Inde est le premier destinataire à hauteur de 34%.
La France deuxième exportatrice mondiale
La France a vu ses exportations augmenter de 47%, faisant d’elle la deuxième exportatrice mondiale d’armements (soit 11% des transferts d’armes dans le monde en 2019-2023).
Paris a particulièrement bien réussi à vendre son avion de combat Rafale en dehors de l’Europe, a constaté Katarina Djokic.
La guerre à Gaza a déjà eu un impact sur les exportations d’armes vers Israël, principalement par le biais de transferts d’armes en provenance des États-Unis, ou encore via de nouvelles aides militaires, ou par l’accélération de contrats déjà existants, a avancé Zain Hussain, chercheur au Sipri.
Mais l’effet sur le long terme est à ce stade difficile à prédire. «Nous voyons dans certains États européens une pression de la part de différents acteurs ou États pour limiter la fourniture d’armes à Israël dans le cadre de ses opérations (militaires) à Gaza en raison de violations potentielles du droit humanitaire international», a-t-il dit.
Ces mesures pourraient affecter les transferts vers Israël.
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