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Accord céréalier : la Russie menace de se retirer si toutes les clauses ne sont pas appliquées

Le ministre russe des Affaires étrangères a annoncé que son pays se retirerait de l'accord céréalier passé avec l’Ukraine, si d’ici la mi-juillet les clauses relatives aux exportations russes ne sont pas appliquées.

«J’affirme que toute nouvelle extension est inenvisageable si au 17 juillet l’ensemble des clauses de l’accord céréalier d’Istanbul n’est pas appliqué tel que défini par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres», a mis en garde le 13 juin Sergueï Lavrov, depuis la 46e réunion des chefs de la diplomatie des pays membres de l’Organisation de la coopération économique de la mer Noire (OCEMN).

Un chargement de céréales dans le port de Mombasa, au Kenya, en novembre 2022 (image d'illustration).

La Russie livrera gratuitement du blé à des pays africains en cas de non-prolongation de l’accord

Le 12 juin, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’était déclaré «inquiet» pour l’avenir de l’accord, assurant «travailler dur» pour sa prolongation au-delà du 18 juillet. 

Signé en juillet 2022 dans un contexte de flambée des cours des céréales, avec le parrainage de l’ONU et de la Turquie, cet accord permettant le transit des céréales ukrainiennes a été prolongé à plusieurs reprises malgré la non-observation des clauses concernant les exportations russes.

L’accord a permis d’exporter ces dix derniers mois plus de 30 millions de tonnes de céréales ukrainiennes, soulageant ainsi la crise alimentaire mondiale provoquée par la guerre.

Lors de son intervention, Sergueï Lavrov a regretté que cet accord se soit, côté ukrainien, «transformé» en un «projet commercial». Le chef de la diplomatie russe a souligné que, selon les chiffres du Centre conjoint de coordination, «seulement 3%» des céréales iraient aux «pays les plus pauvres». 

«Le monde a besoin des engrais et du blé russes tout autant que des céréales fourragères ukrainiennes, produites par des compagnies américaines et rachetées au rabais par les Européens, en se cachant hypocritement derrière des prétextes humanitaires», a accusé le diplomate.

Désormais, Moscou veut obtenir la levée des sanctions occidentales sur ses exportations d’engrais et de produits alimentaires, la reconnexion au système Swift de Rosselkhozbank – une banque publique d’investissement dans le secteur agricole –, la reprise des livraisons de matériel agricole et de pièces détachées ainsi que du fonctionnement du pipeline d’ammoniac Togliatti-Odessa, composant chimique essentiel de l’engrais minéral.

Une explosion, survenue début juin dans le nord-est de l’Ukraine, sur une portion de cette infrastructure, est également venue compromettre les chances de prolongation de l’accord céréalier. Le Kremlin accuse un groupe de saboteurs ukrainiens d’être à l’origine de l’explosion. De leur côté, les responsables locaux ukrainiens assurent que l’armée russe a endommagé la conduite d’ammoniac.

Lavrov fustige un accord transformé par Kiev en «projet commercial»

«De nombreuses conditions qui devaient être appliquées n’ont pas été respectées», avait déclaré le président russe, toujours le 13 juin, lors d’une rencontre avec des correspondants de guerre. Vladimir Poutine a également évoqué le possible retrait de Moscou, accusant Kiev d’utiliser les couloirs maritimes prévus par l’accord pour attaquer les navires russes avec des drones.

L’accord céréalier avait précédemment été renouvelé le 19 mars pour 60 jours, puis à la mi-mai. En théorie, les reconductions sont censées être valables 120 jours, mais la Russie avait alors insisté sur une prolongation de 60 jours, réclamant le respect de l’autre volet de l’accord. Depuis le début de l’opération spéciale en Ukraine en février 2022, les sanctions des pays occidentaux entravent ses exportations de produits agricoles.

Prolongation de l’accord céréalier en mer Noire pour deux mois, Moscou regrette un «déséquilibre»

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