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Accusation de «sionisme»: le conflit israélo-palestinien s’invite à Sciences Po et embrase la classe politique française

Parti des bancs de Sciences Po Paris, la polémique autour d’un incident potentiellement antisémite le 12 mars dans l’établissement a embrasé la classe politique jusqu’au sommet de l’État.

Manifestation contre l'islamophobie, sur le campus de Sciences Po Grenoble, en mars 2021 (image d'illustration).

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Des propos «inqualifiables et parfaitement intolérables» : même le président de la République s’est exprimé le 13 mars en Conseil des ministres sur la polémique née à l’école de la rue Saint-Guillaume. Le Premier ministre a lui annoncé qu’il saisissait le procureur de la République.

Une agitation au sommet de l’État qui fait suite à un incident potentiellement antisémite qui a eu lieu à Sciences Po le 12 mars.

Alors que des étudiants bloquaient un amphithéâtre dans le cadre d’une action de soutien à la Palestine, une élève israélite aurait été interdite d’entrée. Un ou plusieurs élèves lui auraient affirmé : «Ne la laissez pas rentrer, c’est une sioniste.» C’est le syndicat communautaire Union des étudiants juifs de France (UEJF) qui rapporte ces propos, affirmant que «les étudiants de l’UEJF y sont pris à partie comme juifs et sionistes». Cette organisation a appelé à «des sanctions exemplaires contre ces étudiants». Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Yonathan Arfi, a de son côté déploré un «antisémitisme d’atmosphère». 

«Sciences Po ne peut pas devenir un bunker islamo-gauchiste»

Le chef de l’État et le chef du gouvernement ont ainsi pris parti dans la polémique, suivis ensuite par les deux présidents d’Assemblée. Le président Les Républicains du Sénat Gérard Larcher a ainsi déclaré sur France 2 ce 14 mars au matin : «Sciences Po ne peut pas devenir un bunker islamo-gauchiste», évoquant «une école d’excellence qui a basculé».

La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun Pivet s’était aussi prononcée sur le sujet dans le même temps sur la chaîne CNews : «Il n’est pas acceptable de faire ces actes de racisme et d’antisémitisme dans la société mais encore plus dans une université.»

Des membres du gouvernement ont aussi dénoncé l’affaire, à l’image d’Aurore Bergé, ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, qui a apporté son soutien à l’UEJF en reprenant sa version des faits et en s’indignant sur X (ex Twitter) : «C’est insupportable et illégal. Rien ne le justifiera jamais.»

Des versions contradictoires

Des témoignages viennent cependant contredire la version de l’UEJF. Le 13 mars, un étudiant présent lors du blocage a ainsi déclaré auprès de France Info : «Personne n’a été empêché d’entrer en raison de sa confession religieuse ou de ses avis politiques.»

Le député insoumis David Guiraud a ainsi dénoncé des «calomnies»  et «le traitement médiatique manipulateur et malhonnête lorsque l’on parle de mobilisations contre le génocide des Palestiniens».

Un autre député insoumis, Hadrien Clouet, a lui ironisé sur l’attitude de l’UEJF qui refuse la venue de Jean-Luc Mélenchon à l’université de Nanterre : «Tiens, l’UEJF veut interdire à quelqu’un de rentrer dans un amphi.»

Une école sous tension

Les partisans propalestiniens ont appelé à une mobilisation devant l’établissement ce 14 mars à 18h. La candidate insoumise aux élections européennes Rima Hassan a relayé cet appel à manifester.

L’école a de son côté saisi le procureur de la République le 13 mars. 

Sciences Po, que l’on présente comme l’une des pouponnières des élites françaises, est souvent au cœur de polémiques. La veille, son directeur Mathias Vicherat, accusé de violences conjugales, présentait sa démission. Il y a trois ans, son prédécesseur Frédéric Mion avait aussi dû rendre son tablier, emporté dans la chute d’Olivier Duhamel, président de la Fondation nationale des sciences politiques qui chapeaute Sciences Po, impliqué dans des affaires de mœurs.

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