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Allemagne : Sahra Wagenknecht quitte Die Linke et lance sa propre formation politique

Figure de la gauche radicale allemande, Sahra Wagenknecht a annoncé ce 23 octobre un projet de nouveau parti devant représenter «un retour à la raison» dans un paysage politique en pleine recomposition en Allemagne. S'en prenant au gouvernement d'Olaf Scholz, elle a fustigé «le plus mauvais gouvernement» de l’histoire de la RFA

Olaf Scholz, le 8 octobre 2023 (image d'illustration).

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«Nous avons décidé de créer un nouveau parti car nous sommes convaincus que les choses telles qu’elles sont ne peuvent pas continuer ainsi», a déclaré Sahra Wagenknecht, figure de la gauche radicale allemande, lors d’une conférence de presse ce 23 octobre.

Elle a présenté une association, baptisée BSW pour «Bündnis Sahra Wagenknecht» (Alliance Sahra Wagenknecht), devant conduire à la création de ce mouvement. Depuis des mois, elle préparait le terrain.

Ce 23 octobre, une étape importante a été franchie : Sahra Wagenknecht a quitté avec neuf autres collègues le parti de la Gauche radicale (Die Linke), scellant la scission de cette formation héritière du Parti communiste de l’ex-RDA. Die Lnke va ainsi perdre son statut de groupe parlementaire au Bundestag.

Désormais, il s’agit de rassembler fonds et donations pour pouvoir faire naître le nouveau parti et participer l’an prochain aux élections européennes de juin.

«Le plus mauvais gouvernement» de l’histoire de la RFA

Mme Wagenknecht s’en est pris essentiellement au gouvernement de centre-gauche d’Olaf Scholz, dont le parti social-démocrate est allié aux Verts et aux Libéraux du FDP.

Dans un monde secoué par de graves crises internationales, «la République fédérale allemande a le plus mauvais gouvernement de son histoire, qui agit de façon incompétente ou sans but», a-t-elle lâché, dénonçant entre autres les livraisons d’armes à l’Ukraine, ou les sanctions économiques contre Moscou qui privent l’Allemagne, pays industriel exportateur pauvre en matière première, de l’énergie bon marché dont elle a besoin.

«Cela inquiète bien sûr beaucoup de gens qui ne savent plus pour qui voter ou bien qui votent extrême droite par colère ou désespoir», a-t-elle argumenté. La pasionaria de la gauche radicale a de nouveau critiqué les mesures écologiques du gouvernement face au changement climatique et s’est aussi dite favorable à la réduction du nombre de migrants dans le pays.

Globalement, elle a plaidé pour «le maintien de nos forces économiques», plus de justice sociale, des investissements dans les infrastructures et une «politique étrangère basée sur la paix». Bref «un retour à la raison», selon elle.

«AfD de gauche»

«Elle veut une AfD de gauche», a résumé pour sa part le quotidien Bild, en référence au parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD). Ce parti a bondi depuis un an dans les sondages en surfant sur le mécontentement de l’opinion face à la hausse de l’immigration et la crise économique. Il est crédité de 22 à 23% des intentions de vote, ce qui en fait la deuxième force politique derrière l’opposition conservatrice et loin devant les partis de la coalition d’Olaf Scholz.

Selon un sondage INSA publié le 22 octobre par le quotidien Bild, 27% des Allemands pourraient voter pour le nouveau parti populiste de gauche. Comme l’AfD, Sahra Wagenknecht dispose de son principal réservoir dans l’ancienne Allemagne de l’Est communiste, où trois élections régionales (Saxe, Brandebourg et Thuringe) sont programmées l’an prochain.

La responsable politique est née et a grandi dans cette partie du pays, où une frange importante de la population s’estime marginalisée. Elle chasse dans plusieurs domaines sur les terres de l’extrême droite. «L’AfD devrait se faire beaucoup de souci» face à l’émergence de ce parti concurrent, a affirmé le politologue Constantin Wurthmann sur la chaîne Phoenix.

Cette marxiste convaincue avait déjà fait une première tentative fin 2018 en lançant un mouvement similaire, avant de renoncer six mois plus tard. Cette fois, Sahra Wagenknecht pourrait profiter de la polarisation croissante de la société allemande et de l’impopularité record de l’opinion à l’égard de la coalition d’Olaf Scholz (71% d’avis défavorables selon une enquête INSA).

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