France

Collectif Adama : la «marche pacifique» interdite par la préfecture du Val-d’Oise

L'interdiction d'une marche en hommage à Adama Traoré, mort il y a sept ans, suscite la colère des organisateurs et de la gauche. La majorité invoque de son côté des impératifs d'ordre public.

Après une procédure contradictoire, le préfet du Val-d’Oise a interdit la manifestation annuelle du collectif «Vérité pour Adama», qui devait se dérouler le 8 juillet à Persan et à Beaumont-sur-Oise.

Tous les ans au mois de juillet, le comité Adama organise une marche en hommage à Adama Traoré, un jeune homme noir mort en juillet 2016 à Persan lors d’une interpellation policière. La gauche politique et associative s’est mobilisée pour soutenir l’organisation quand la majorité évoque un risque de trouble à l’ordre public.

La gauche à la rescousse du collectif Adama

La députée de La France insoumise (LFI) Clémentine Autain s’est insurgée ce 7 juillet sur LCI contre la décision du préfet d’interdire la manifestation.

Des manifestants du groupement Les Soulèvements de la Terre en Loire-Atlantique lors d'une mobilisation contre «l'exploitation du sable à des fins industrielles», le 11 juin 2023.

Les Soulèvements de la Terre : une délicate dissolution

«Il n’y a jamais eu de débordements, il n’y a jamais eu de violence» en six ans, a fait valoir l’élue. Cette dernière voit une contradiction majeure dans le fait d’interdire un rendez-vous qu’elle juge «pacifique, démocratique, républicain» juste après les émeutes.

Les soutiens se sont multipliés à gauche : la présidente du groupe parlementaire insoumis à l’Assemblée, Mathilde Panot, a même affirmé que LFI se tiendrait aux côtés des associations organisatrices puisque celles-ci ont décidé de maintenir l’appel. Toujours dans la coalition Nupes, l’écologiste Aurélien Taché, transfuge de la majorité macroniste et député du Val-d’Oise, a aussi dénoncé cette interdiction.

Le président de l’association SOS Racisme Dominique Soppo s’est insurgé, également en soutien à cette marche, estimant que «l’interdiction d’une manif (sic) qui n’a jamais donné lieu à débordements est inadmissible».

Une majorité timide mais quelques détracteurs

Le député Renaissance de l’Essonne Paul Midy a lui affirmé sur BFMTV que des «groupuscules d’ultra-gauche, notamment Les Soulèvements de la Terre, ont appelé à manifester». La présence de ce collectif récemment dissous par le ministre de l’Intérieur pourrait avoir pesé dans la balance, le député évoquant les «scènes de guerre» qui ont eu cours à Sainte-Soline.

Aucun député de la majorité du département n’a réagi publiquement à cette interdiction. La présence de groupuscules «antifascistes» réputés violents a été confirmée, à l’image de l’organisation Jeune Garde, très présente sur les réseaux sociaux.

L’interdiction contestée devant la justice administrative

Le polémiste Raphaël Enthoven a de son côté critiqué le soutien à la marche de LFI, évoquant le passé criminel d’Adama Traoré qui avait utilisé une fourchette pour obtenir les faveurs sexuelles d’un codétenu.

Dans l’après-midi, le tribunal administratif du Val-d’Oise devait examiner un recours du comité Adama contestant l’interdiction de la marche. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron il y a six ans, 33 organisations ont été dissoutes et les interdictions de manifester se sont multipliées.

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