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Concurrence : l’Américaine Fiona Scott Morton nommée économiste en chef à la Commission européenne

La Commission européenne a nommé l'Américaine Fiona Scott Morton au poste d’économiste en chef de la concurrence. L'arrivée de cette ancienne responsable anti-trust du président Barack Obama interroge sur l'influence étasunienne à Bruxelles.

C’est une personnalité non européenne qui va s’occuper des questions de concurrence en Europe : en nommant Fiona Scott Morton économiste en chef de la concurrence de la Commission, Bruxelles se dote d’une experte mais ouvre aussi la voie à des critiques en matière d’indépendance des institutions européennes.

Cette ancienne haute fonctionnaire anti-trust de l’administration Obama dispose d’un CV garni. Passée par l’université de Yale et le MIT (Massachusetts Institute of Technology), elle a été chargée de mener des investigations en matière de concurrence sur les Gafam, soit Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft.

Le contrôle d’entreprises étasuniennes sur les marchés européens va ainsi être confié à une de leurs compatriotes. Fiona Scott Morton sera également chargée de traiter des opérations de fusion-acquisition impliquant, là encore, essentiellement des géants américains.

Craintes de conflits d’intérêts

Le choix de la Commission de recruter un élément extra-européen dans un domaine sensible comme la concurrence a déjà suscité des interrogations. Le journal belge L’Echo évoquait dans un article paru en juin que «six organisations» avaient interpellé le commissaire européen à la concurrence Margrethe Vestager dès le mois de mai sur un tel recrutement, qui constituait selon elle un «conflit d’intérêt».

En effet, Fiona Scott Morton a assisté Microsoft dans le cadre de l’acquisition de l’éditeur de jeux vidéo Activision et a travaillé pour Apple et Amazon. L’économiste a été régulièrement interrogée sur ses liens avec des entreprises comme Apple et Amazon, avec qui elle a signé des accords de confidentialité. Fiona Scott Morton s’était justifiée, déclarant en 2020 : «Je travaille avec des entreprises dont je suis confiante dans le fait qu’elles respectent la loi».

Fiona Scott Morton a su se montrer très critique avec Google et Facebook en proposant des solutions pour imposer aux géants du numérique le respect des normes de concurrence. Spécialisée dans le secteur numérique, elle a lancé le « Digital Economy and Trade Project » en 2019, un projet qui vise à faciliter la compréhension économique du marché numérique. Ce projet est hébergé au Tobin Center for Economic, une structure néo-keynésienne, partisane d’une intervention étatique dans l’économie. Très introduite dans le milieu universitaire, elle est également à l’origine du projet Thurman Arnold à Yale, qui vise à réunir des universitaires et des étudiants pour mutualiser les recherches en matière de concurrence et de loi anti-trust.

Prévu pour le 1er septembre, le changement de poste avec l’actuel économiste en chef de la concurrence, le Belge Pierre Régibeau, pourrait provoquer de vives réactions au sein du Parlement européen.

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