France

Congrès fondateur de «Révolution permanente» : un parti de plus pour la gauche radicale

Animée notamment par le syndicaliste cheminot Anasse Kazib et la militante antiraciste Assa Traoré, la nouvelle formation se présente comme une alternative aux Insoumis et au Nouveau parti anticapitaliste, en proie à des crises internes.

La famille de la gauche radicale compte un nouveau membre. Jusqu’à présent actifs sous la forme d’un média en ligne focalisé sur les conflits sociaux, les militants de Révolution permanente ont décidé de franchir le pas en se constituant en parti, lors d’un congrès fondateur tenu à Paris le 16 décembre.

Sous des portraits de Trotsky et de Lénine, et en présence de plusieurs délégations étrangères dont une du Parti des travailleurs socialistes argentin, les militants n’ont pas fait mystère de leur volonté de profiter de la récente scission du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), ainsi que du «vide démocratique chez La France Insoumise (LFI)». «Jean-Luc Mélenchon dirige les Insoumis d’une main de fer, Lutte ouvrière (LO) est démodée : le parti ne s’adresse pas aux jeunes. Quant au NPA, il intervient partout et nulle part à la fois. Nous, on recentralise la lutte autour de sujets féministes et écologistes», a ainsi déclaré à l’AFP Paul Morao, responsable de la communication de la nouvelle organisation.

Afin d’«unir les luttes», la nouvelle organisation a ainsi annoncé laisser «la porte ouverte aux camarades» qui ont récemment quitté le NPA. Au-delà de son rôle de média, Révolution permanente avait déjà été officieusement créée en avril 2021 par des militants par la suite exclus du NPA. Défendant une ligne plus radicale et le refus de tout rapprochement avec les Insoumis, à l’inverse de Philippe Poutou et d’Olivier Besancenot, ce courant comptait un certain nombre de syndicalistes parmi ses membres, dont le cégétiste Adrien Cornet, animateur d’une longue grève dans la raffinerie Total de Grandpuits (Seine-et-Marne) en 2021.

Anasse Kazib figure du parti, Assa Traoré et Jean-Marc Rouillan parmi les soutiens

Le cheminot et syndicaliste Sud-Rail Anasse Kazib fait partie des principaux animateurs du nouveau parti, aux côtés de personnalités médiatiques telles que le cofondateur du groupe armé d’extrême gauche «Action directe» Jean-Marc Rouillan ou la militante antiraciste Assa Traoré, qui ont affiché publiquement leur soutien à Révolution permanente.

Militant du NPA pendant la campagne présidentielle (image d'illustration).

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«Ce parti est l’avenir d’un changement, d’une nouvelle ère, de l’égalité pour tous. Car tout le monde mérite d’être libre, d’être défendu», a lancé Assa Traoré, sœur aînée d’Adama Traoré, acclamée par 300 militants présents au congrès. Tous ont scandé en chœur «Justice pour Adama», en hommage au jeune homme noir, mort en 2016 après son interpellation par des gendarmes dans le Val-d’Oise.

Il est vital de “tout niquer”

En dehors du «combat antiraciste», «d’autres luttes sont à venir contre l’inflation et pour la revalorisation des salaires et, surtout, le combat contre la réforme des retraites qu’on commence déjà à préparer», a poursuivi une autre figure du mouvement, Daniela Cobet, qui compte organiser des grèves dès la rentrée 2023.

L’organisation, qui compte poursuivre la «lutte des classes», est persuadée qu’une «nouvelle génération révolutionnaire est née depuis les manifestations contre la Loi travail en 2016», selon Anasse Kazib. Ce dernier n’avait pas pu réunir les parrainages nécessaires pour se présenter à l’élection présidentielle de 2022. «Le paradoxe de la période, c’est qu’elle n’a jamais requis autant de mouvements révolutionnaires alors qu’il n’y en a plus aucun qui le soit vraiment», a estimé Frédéric Lordon, philosophe se revendiquant communiste révolutionnaire et qui soutient la nouvelle organisation. «Il y a un slogan […] qui ne manque pas d’intérêt, on l’a entendu chez les militants anti-bassines et du climat […] : “il est vital de tout niquer”. Oui, au point où nous en sommes, il devient vital de “tout niquer” […]. Un parti révolutionnaire se propose de tout niquer, méthodiquement», a-t-il aussi lancé sur un ton nettement plus familier.

«On construit pour le futur, parce qu’on a besoin d’un parti révolutionnaire des travailleurs pour en finir avec le système capitaliste», a pour sa part conclu Anasse Kazib.

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