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Destruction du barrage de Kakhovka : l’étonnante retenue des Occidentaux

Plus de 48 heures après la destruction du barrage de Kakhovka, Kiev et Moscou continuent de s’accuser mutuellement. Du côté de Londres et de Washington, principaux soutiens des autorités ukrainiennes, on se montre pour l’heure plus réservé.

Britanniques et Américains se montrent prudents, 48 heures après la destruction du barrage de Kakhovka.

«Nous ne nous exprimerons pas tant que nous ne disposerons pas de tous les éléments disponibles», a déclaré le 7 juin le chef de la diplomatie britannique, James Cleverly. «Nous allons donc faire preuve d’excès de prudence sur cette histoire», a poursuivi le ministre, auprès de l’AFP, en marge d’une réunion à l’OCDE à Paris.

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Un appel à la prudence étonnant après la première déclaration du ministre, qui s’était empressé de tweeter «un acte odieux», le 6 juin, ajoutant que «l’attaque intentionnelle d’infrastructures exclusivement civiles» était «un crime de guerre».

Même réserve du côté d’un autre soutien habituellement inconditionnel de l’Ukraine, Washington. «Nous ne pouvons pas dire de manière concluante ce qui s’est passé à ce stade», a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre. Cette dernière a toutefois pointé du doigt Moscou, expliquant que rien ne se serait produit si les Russes n’étaient pas intervenus en Ukraine.

Une rhétorique déjà observée lorsque Volodymyr Zelensky avait, en novembre 2022, accusé la Russie d’avoir tiré un missile sur le sol polonais. Une origine russe rapidement mise en doute par Varsovie et Washington, avançant l’hypothèse d’un tir de la défense anti-aérienne ukrainienne.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a, quant à lui, proposé la création d’une commission d’enquête internationale. Commission qui «pourrait être créée avec la participation d’experts issus des parties belligérantes, des Nations unies et de la communauté internationale, Turquie comprise», a précisé la présidence turque dans un communiqué publié à l’issue d’un entretien téléphonique entre les leaders turc et ukrainien.

Quand l’armée ukrainienne tirait sur le barrage

Volodymyr Zelensky accuse la Russie d’avoir détruit, de «manière délibérée» l’édifice. Lors d’une réunion du Conseil de sécurité, le représentant ukrainien a accusé les forces russes d’avoir «miné» l’ouvrage, déclarant qu’il était «physiquement impossible» de le détruire «d’une manière ou d’une autre de l’extérieur». Côté russe, on retourne l’accusation de Kiev de «crime de guerre» et on rappelle que les forces ukrainiennes ont tiré sur l’édifice par le passé. Des tirs ukrainiens qu’avait notamment exceptionnellement documenté, en octobre 2022, le directeur de la rédaction d’Omerta, Régis le Sommier, alors en reportage dans la région.

Dans un article paru en décembre de la même année dans le Washington Post, le barrage de Nova Kakhovka était désigné comme une des «cibles clés» de Kiev, qui tentait alors de couper les voies d’approvisionnement des forces russes présentes sur la rive droite du Dniepr. L’officier en charge de mener la contre-offensive ukrainienne dans la région de Kherson, confiait au quotidien américain que ses troupes avaient effectué à l’aide d’Himars une «frappe d’essai» sur une vanne de régulation du barrage.

Une multitude d’arguments que repend notamment le site Meduza, qui oppose les versions russes et ukrainiennes sous l’angle des avantages militaires que chaque partie pourrait tirer du sinistre. Bien qu’il s’agirait d’une «étrange coïncidence» que cela puisse survenir au premier jour de la contre-offensive ukrainienne, le média russe d’opposition évoque une troisième piste : celle de l’affaissement d’un barrage fragilisé par des mois de conflit. Comme le souligne le site, à ce jour, «il n’y a pas de vidéos montrant l’explosion du barrage».

De son côté, Kiev a maintenu sa position, Volodymyr Zelensky se disant de surcroît «choqué» par l’absence d’aide de la Croix-Rouge et des Nations unies. Le ministre ukrainien de l’Energie Guerman Galouchtchenk a par ailleurs demandé à l’Europe d’«augmenter» sensiblement ses livraisons d’électricité après ce qu’ils qualifient d’attaque «contre les infrastructures énergétiques du pays» et la destruction du barrage de Kakhovka qui a provoqué des inondations massives, a rapporté l’AFP.

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